Edition du Mardi 02 Novembre 2010
Culture
Par les termes sellah ou salhin, on désigne très souvent par erreur, par méconnaissance ou même par omission involontaire des hommes de culte ou faisant dans la transe. Les deux termes étant des pluriels synonymes. En réalité, le qualificatif qui leur était attribué renvoie plutôt à des
profils d’hommes et de femmes ayant accompli un service d’assistance à la société. Autant dire un service public. Replacés dans le temps, le niveau de vie de la société était, du moins pour la plupart, en-dessous du seuil de pauvreté. La prédication religieuse tentait l’explication de l’état de chacun par l’entremise de ce qui est communément appelé destin. Mais cela n’a pas suffi à convaincre et la résignation n’a pas gagné tout le monde. Les citoyens refusant l’abnégation, s’accrochent et cherchent constamment l’espoir d’une issue à leur situation. Ils trouveront justement auprès des sellah non pas un exutoire à leur désarroi et contrariété, mais une réponse d’espérance puisée dans la logique et le bon sens de la vie. C’est dire qu’en ces temps-là, il y avait une effervescence accrue du verbe et parce que le verbe, au sens philosophique du terme, était devenu un canal de réussite sociale alors son usage était devenu une forme de traitement thérapeutique que la science moderne nomme aujourd’hui dissection ou psychanalyse. Par leur sagesse, leur pensée et leur capacité à produire une parole déterminante, les sellah ont accompagné la fragilité humaine sous la forme d’appoint psychologique. Ces hommes et ces femmes se sont inspirés de la longue expérience cumulée par d’autres personnages qui les ont précédés et de laquelle ils ont su tirer le meilleur enseignement possible et utile. Aujourd’hui, des thèses universitaires commencent à s’intéresser à eux. Elles débroussaillent l’activité profitable des sellah. Il était temps qu’une science humaine s’y mette pour encore davantage nous éclairer sur la mission sociale de ces hommes et de ces femmes d’exception. C’est même l’exception qui leur a attribué une dimension mythique. Un halo de légendes et de poèmes continue de se transmettre autour de leurs noms. Nous noterons ici que dans bien des contrées, c’est principalement l’ensemble des mythes construits sur des réalisations humaines qui ont façonné les éléments constitutifs de beaucoup de civilisations… pourquoi pas considérer ainsi la nôtre ?
A. A.
kocilnour@yahoo.fr
2 novembre 2010
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