SALON INTERNATIONAL DU LIVRE D’ALGER
Rush sur la vente-dédicace de Hamid Grine
Aomar MOHELLEBI
- Lundi 01 Novembre 2010 – Page : 21
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L’auteur dédicaçant son dernier ouvrage «Un Parfum d’absinthe» | |
R. BOUDINA |
Samedi dernier, M.Grine a dédicacé son dernier ouvrage Un Parfum d’absinthe, au stand des éditions Alpha.
Avant-hier samedi, le stand d’Alpha
éditions a été pris d’assaut par des lecteurs venus nombreux pour
rencontrer l’écrivain Hamid Grine. C’est dans une ambiance de fête qu’a
eu lieu la séance de vente-dédicace et il était prévisible que le stand
d’Alpha éditions allait être débordé. Des lecteurs, mais surtout
des
lectrices sont venus en masse acheter, avec une dédicace de l’auteur, le
tout nouveau-né de Hamid Grine, intitulé Un Parfum d’absinthe.
Le
livre vient de sortir dans le sillage du Sila. Il y avait plus de
lectrices au stand d’Alpha éditions. Est-ce à dire que le lectorat de
Hamid Grine est constitué beaucoup plus de femmes que d’hommes. Hamid
Grine répond à notre question entre deux signatures:
«Je pense que ce n’est pas spécifique à moi. J’ai constaté que ce sont les femmes qui lisent plus que les hommes.»
A
côté de Hamid Grine, une autre écrivaine dédicace son ouvrage dans le
même stand. Il s’agit de Fatéma Bekhaï et du livre Izuran, au pays des
hommes libres. Cette dernière salue son confrère et achète son roman
avec la dédicace. C’est dire qu’entre certains écrivains, il y a parfois
un esprit sportif qui dépasse les rivalités mesquines. Hamid Grine
poursuit sa séance de vente-dédicace qui a commencé à 14 heures. Il
signe pratiquement sans interruption.
L’équipe de l’Entv, venue
l’interviewer pour quelques minutes, a eu beaucoup de mal à l’arracher à
ses lecteurs car en plus des signatures, Hamid Grine est questionné par
l’ensemble de ses lecteurs au sujet du contenu de ses livres. Ces
derniers lui demandent par exemple si les faits racontés dans certains
de ses romans étaient véridiques comme dans le roman Le Café de Gide et
Il ne fera pas long feu ou encore sa toute nouvelle fiction Un Parfum
d’absinthe.
Hamid Grine répond clairement qu’il y a toujours une part
de réel dans ses romans, mais le reste est construit à partir de son
imaginaire. En plus des lecteurs, les journalistes étaient nombreux. Il
faudrait donc que l’éditeur pense désormais à organiser un point de
presse avec l’auteur, au moins une heure avant la séance de
vente-dédicace pour permettre aux journalistes de faire leur travail et
laisser les lecteurs avec leur auteur. Mais l’ambiance bon enfant et
conviviale qui a régné lors de cette rencontre littéraire était, malgré
l’affluence, un vrai moment de régal.
Hamid Grine s’est évertué, sans
se lasser, à répéter à chaque fois qu’un lecteur ou une lectrice le lui
demande, un bref résumé de son nouvel ouvrage. C’est un roman sur
l’identité, explique Hamid Grine devant ses lecteurs. Le personnage
principal se pose plusieurs questions et ce, jusqu’à ce qu’il apprenne
que son père était l’écrivain Albert Camus, prix Nobel de littérature en
1957.
Dans ce roman, l’auteur parle des grands écrivains algériens
comme Mouloud Feraoun, Mouloud Mammeri, Kateb Yacine, Mohammed Dib
etc….
D’ailleurs, en guise de prologue à ce roman, Hamid Grine a
choisi un extrait du Journal de Mouloud Feraoun: «Il faudrait que nos
enfants sachent à quel point leurs ainés ont souffert, à quel prix ils
héritent d’un nom, d’une dignité, du droit de s’appeler Algériens sans
courber la tête comme le frêle roseau de la fable».
On devrait
pouvoir réunir une multitude d’histoires relatant les milliers de
drames. Les milliers de morts, les clameurs de rage, les torrents de
larmes et les mares de sang qui auront marqué comme des stigmates cette
terre où nous avons eu le malheur de naître et qu’on veut nous enlever
comme si nous étions des bâtards. Il serait bon qu’on sache tout cela
plus tard et qu’on se dise: «après tout, nos pères avaient tout de même
beaucoup de mérite et nous pouvons en être fier.»
Ce clin d’oeil à
l’un des pères fondateurs de la littérature algérienne d’expression
française de la part de Hamid Grine montre à quel point ce dernier a été
marqué par ses oeuvres, mais aussi par celles de Dib, Kateb, Mammeri…
Hamid
Grine écrit des livres depuis 24 ans. Il a exploré plusieurs genres
avant de se fixer dans le roman. Il a commencé en 1986 avec un livre
sportif intitulé Lakhdar Belloumi, un footballeur algérien. Jusqu’à
1999, il publie sept livres sur le sport. Puis, au fil de ses lectures,
cet ancien journaliste est marqué par les grands penseurs et philosophes
universels.
De toutes ses lectures et de ses expériences de la vie,
il rédige un livre au genre un peu particulier, une sorte de regard sur
la vie. Le livre s’intitule Comme des ombres furtives. Il paraît en
2004.
Depuis, la frénésie de l’écriture n’a pas cessé chez Hamid
Grine qui publie chaque année un livre. Après deux essais parus en 2004
et 2005, Hamid Grine signe son premier roman en 2006. C’était La
Dernière prière. Il est suivi de La Nuit du henné, Le Café de Gide et Il
ne fera pas long feu. Interrogé sur le secret de cette régularité,
Hamid Grine nous a affirmé, lors de sa vente-dédicace de samedi dernier,
que le problème de l’inspiration ne se pose pas pour lui.
Le fait
d’être journaliste n’est pas étranger à cette facilité d’écrire. Hamid
Grine avoue aussi ne pas avoir la prétention de la postérité. Il dit
écrire pour le plaisir. Sa seule exigence est de bien raconter une belle
histoire. Il ne fait pas une montagne de l’acte d’écrire. C’est
pourquoi il fait siens, sans doute, de ces vers de haut niveau de
l’inénarrable et inégalable Goethe: «Veux-tu jolie vie te modeler? Du
passé ne dois point te soucier, le moins possible te fâcher, Du présent
sans cesse te réjouir, Aucun homme ne haïr, Et le futur, à Dieu
l’abandonner.»
1 novembre 2010
LITTERATURE