On n’a rien, mais on n’a besoin de oualou. On vit très bien, on ne manque de oualou mais alors pas du tout. J’ai pas de maison mais c’est quoi une maison, c’est rien. J’ai trente-cinq ans el hamdoullah, je vis avec mes parents, mes parents vivent avec moi. On mange collectif, on se soigne collectif, on dort collectif Pourquoi leur faire du chagrin. Trouver une femme qui ne pourra pas les supporter et qu’ils ne supporteront sûrement pas. El hamdoullah. La pension du père arrive. Moi je ne travaille pas, ce n’est pas parce que je n’ai pas de métier ou de compétence. C’est juste qu’il faut avoir du piston pour trouver un job. El hamdoullah mon nif est intact. Un Algérien sans nif c’est pire qu’un Algérien avec du pétrole.
Mon frère aussi. Son rêve était de me ressembler. Dieu a exaucé son vœu. Ses diplômes il les a eus. Comme moi. Comme moi il a fait des petits boulots. Il ne travaille pas actuellement. Il aime une femme sur Internet. Le cyber café lui sert de studio pour la rencontrer sur écran. El hamdoullah. Sauf que j’ai peur pour le PC qu’il loue pour une demi-heure tous les jours, je crains que ce pauvre ordinateur ne tombe enceinte. D’autant que l’avortement est interdit au bled. C’est pour ça que j’ai demandé au gérant du cyber de faire attention à son matériel. De le protéger en installant des contraceptifs qu’il pourrait télécharger gratuitement sur Internet. Jusqu’ici el hamdoullah, il a suivi mes conseils et la seule grossesse qu’il a eue, c’est la clientèle. Elle grossit de plus en plus. Son local est tout le temps complet.
Quand j’achète le journal et que je lis tous les faits d’hiver qui se passent au printemps comme été, en automne je lève mes bras vers le ciel et je dis el hamdoullah aucun pickpocket ne m’a fait les poches. Il ne trouvera rien, mais le fait d’être visité par la main étrangère dérange mon intimité. Je ne suis pas le seul. Le monde entier quand il y a une cochonnerie, dénonce la main étrangère.
1 novembre 2010
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