Abdelhak Benchikha PORTRAIT… Par : Hamid Grine

Edition du Dimanche 31 Octobre 2010

Culture

On l’appelle “Le général”. Général Benchikha ? Allons, allons, il a plutôt une bonne bouille qui ressemble à s’y méprendre à celle de Saâdane. Les yeux surtout qui suintent de bonté et d’amour pour le genre humain. Rien d’un général. Peut-être un peu la bedaine pépère et la coupe de cheveux. Et encore. Mais comme la presse sportive l’a surnommé

“Le général”, on s’est dit qu’il a dû gagner ses galons sur les champs de bataille où son sens de la discipline et sa poigne de fer ont appris les vertus du travail et de la discipline aux plus récalcitrants. On a pensé : avec lui, finie la récréation, finies les vacances, plus de roulement de mécaniques ni d’allusions aux mouches et autres moucherons. Un mot de plus et Ziani est viré, un kilo de plus et Bouguerra est out, une montée de plus et Belhadj est liquidé. Quant aux autres joueurs, les Lahcen and Co, ils doivent apprendre les vertus de la modestie avec “Le général”. On tremblait pour les Verts. On attendait le carnage. D’autant que les premières déclarations du général n’étaient guère rassurantes pour les pauvres joueurs. Menton césarien même si les yeux — ah ! ces yeux de bon père de famille — contredisaient le port de tête, il déclarait aux journalistes que son maître-mot était la discipline. Et nul n’était indispensable avec lui. Waou ! Un vrai caporal dans la peau d’un général. Il va y avoir du sport. Avec le “général”, on aura un commando de tueurs tous-terrains. La presse qui s’emballe pour un mot est devenue folle du général. Oublié le cheikh, faiseur de miracles ! On attendait la première sortie de cet homme terrible avec sa bande de trouffions. Ah ! ils vont voir ce qu’ils vont voir les gars de la Centrafrique. Ils vont recevoir la correction de leur vie. Les troupes du général vont passer sur leurs corps. Certains les croyaient capables de conquérir la République centrafricaine. Oui, monsieur, onze commandos bien aguerris emmenés par “le général” peuvent bien prendre d’assaut le palais présidentiel et faire de la République centrafricaine la première colonie algérienne. Après la Centrafrique, ce sera le tour du Maroc. Chut, qu’on ne le dise à personne. L’équipe du général était devenue notre arme secrète, notre première et unique bombe nucléaire. Et la voilà sur le terrain cette équipe redoutable. Rien qu’à les voir si forts, si beaux, si fiers, si virils, les chaussures lustrées et les cheveux gominés, on a eu la certitude qu’on allait assister à un score qui figurera dans le Guinness Book. D’autant, qu’à côté, les joueurs de la Centrafrique faisaient pâle figure : de vieilles tenues, de vieilles chaussures et même pas de protège-tibias… J’aurais eu le téléphone du général que je l’aurais appelé pour lui dire : “Mon général, soyez gentils avec nos frères centrafricains au nom de la solidarité africaine prônée par notre pays depuis des lustres. Par Dieu, ne cassez pas cette belle image de grand frère que nous avons !” Et le match commence. Et on entendit : flop ! Un tout petit flop d’une équipe qui se noie dans un verre d’eau. On cherchait le général des yeux. Et “Le général” cherchait son équipe. À défaut de la trouver, il s’enferma dans sa chambre et pleura toutes les larmes de son corps. Pour la première fois de notre vie, on eut pitié d’un général trahi par ses troupes qui l’ont pris pour un général d’opérette. Chez les Verts, chacun est général. D’où ce train de sénateur…

H. G.
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