Edition du Samedi 12 Février 2005
La nouvelle de Adila Katia
La déchirure
RÉSUMÉ : Salim, par peur de représailles, prend le paquet et la route en direction du port de Marseille. Il pense parler à Mahfoudh. En route, des motards l’arrêteront pour excès de vitesse. Salim n’a qu’une envie : être dans le bateau…
Salim, le cœur serré, est persuadé que le pire est derrière lui. Si les motards n’ont rien trouvé, avec un peu de chances, même les douaniers ne découvriront pas la malle secrète.
Il est dans la file d’attente, regardant les autres voitures en train d’être fouillées quand deux policiers s’arrêtent à sa hauteur. Salim n’a pas le temps de se poser des questions. Les deux policiers l’ont saisi par les bras puis lui passent des menottes.
- Vous êtes en état d’arrestation pour vol de voiture, lui dit l’un d’eux.
- Mais c’est ma voiture, se défend Salim qui n’en revenait pas.
- Les motards qui vous ont arrêté ont donné le signalement de la voiture. Elle a été volée il y a quelques mois déjà. Où sont les clefs ?
- Dans la poche de ma veste. J’ai les papiers en règle. Il doit y avoir une erreur, insiste Salim. Enlevez-moi ces menottes.
- Une fois devant le juge… le pire cauchemar de Salim vient de prendre forme. Il est emmené au commissariat et, pendant des heures, il sera interrogé par la police. Il ne dira rien de ce qu’il sait.
Le propriétaire de la voiture contacté par les services de la police, bien heureux de la récupérer, se pressera de la fouiller. Connaissant l’existence de la seconde malle, il l’ouvrira en la présence de la police. Le paquet sera ouvert et Salim apprendra son contenu. Cela n’arrangera en rien sa situation.
Le lendemain, il n’est que six heures du matin lorsqu’une brigade de la police fera irruption chez lui, tirant sa mère et sa femme de leur sommeil. La maison sera passée au peigne fin, à la recherche d’argent et de drogue.
Fatima est sous le choc quand l’un des policiers lui explique la situation. Elle ne le croit pas.
- Vous faites erreur. Mon fils est un garçon bien. Il est dans le droit chemin. Il vient de se marier. Vous faites erreur, insiste-t-elle. Mon fils n’a pas de voiture et jamais, vraiment jamais, il n’a touché à la drogue.
- La voiture est à son nom. Il a prétendu l’avoir achetée alors qu’elle a été volée. En plus, il a caché de la drogue. On voudrait connaître ses amis et savoir avec qui il activait, insiste le policier. Sinon, il sera le seul à payer.
Il en prendra pour plusieurs années. Je veux les noms de ses complices.
- Mon fils n’est pas un bandit. Depuis qu’il travaille, il est sérieux, le défend sa mère en pleurs. Vous devriez chercher le vrai coupable. Mon fils est blanc comme neige.
- Comment expliquez-vous l’argent ?
- Il travaille, lui rappelle la vieille femme. Il est mécanicien.
- Un mécanicien ne peut pas s’offrir, avec son salaire, une maison aussi belle, une voiture de luxe, des voyages, rétorque le policier. Un agent trouvera une liasse de billets dans une enveloppe collée au-dessous du tiroir de la coiffeuse. Près de cinq mille euros.
- Et cet argent ? demande-t-il. Pourquoi l’a-t-il caché ?
- Je n’en sais rien…
- Une enquête a été ouverte et nous vous en apprendrons beaucoup sur votre fils. C’est étrange, soit vous jouez bien la comédie en feignant l’ignorance, soit il s’est joué de vous.
- Où est mon fils ?
- À la maison d’arrêt.
Toutes les affaires de Salim ainsi que ses papiers sont mis dans des sacs et emportés au laboratoire. Lorsqu’ils partent, la maison est sens dessus dessous. Fatima ne cesse de se lamenter. Même Farida est sous le choc mais elle ne réalise pas encore la gravité de la situation…
(À suivre)
A. K.
ADILAKATIA@yahoo.fr
30 octobre 2010
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