Edition du Samedi 28 Mai 2005
La 24
Salah Boubnider nous quitte
Grande figure de la révolution et de la mouvance démocratique
Par : Hamid Saïdani
Salah Boubnider, moudjahid de la première heure et militant actif du combat démocratique, est décédé hier matin dans un hôpital parisien, à l’âge de 79 ans, des suites d’une longue maladie. Cela fait déjà quelques années que le défunt luttait contre la maladie qui a fini par avoir raison de sa pugnacité de vieux maquisard. Né à Oued Zenati au fin fond de la wilaya de Guelma, Salah Boubnider s’est engagé très jeune dans la lutte de libération nationale et gravira graduellement les échelons du commandement de l’Armée de libération nationale dans la wilaya historique II. Il s’est aussi distingué par l’animation avec brio de l’émission radiophonique Sawt el Arab à partir du Caire durant la guerre de libération. Ce passage lui a valu d’être surnommé du nom de cette émission. Après l’indépendance du pays, le défunt, comme beaucoup d’autres figures de la révolution, a préféré prendre ses distances vis-à-vis du pouvoir en place. C’est après le “séisme” d’octobre 88, qui a ébranlé le système du parti unique, que Salah Boubnider a effectué son retour sur la scène politique. Démocrate de conviction, il sera l’un des membres fondateurs de la Ligue algérienne des droits de l’homme, dans les années 80. Il sera par la suite appelé à présider en 1997 la Commission nationale indépendante de surveillance des élections législatives (Cnisel) qui a vu l’élection du président Liamine Zéroual. Ce dernier le nommera dans le cadre du tiers présidentiel du premier conseil de la nation, présidé par Bachir Boumaza. C’est d’ailleurs à partir de cette date qu’il fera réellement son entrée sur la scène en tant qu’acteur politique majeur avec, notamment la création du Comité des citoyens pour la défense de la république (CCDR), en compagnie de Abdelhak Bererhi et le commandant Azzedine. Il sera de ce fait de tous les combats menés par les forces démocratiques, le mouvement associatif et la presse. C’est justement cet engagement en faveur du combat démocratique et républicain qui l’amena en 1998 à démissionner du Conseil de la nation pour protester contre les amendements apportés au code pénal qui introduit des peines d’emprisonnement pour les journalistes. Ses dernières années, il les a passées à lutter contre la maladie qui le rongeait avant de rendre l’âme hier matin dans un hôpital parisien.
H. S.
28 octobre 2010 à 16 04 20 102010
La 24 (Dimanche 29 Mai 2005)
Alors que l’enterrement est prévu aujourd’hui au cimetière de Sidi Yahia
La dépouille de Salah Boubnider rapatriée hier
Par : Karim Kebir
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La dépouille mortelle de Salah Boubnider, plus connu sous le pseudonyme de guerre “Sawt El-Arab”, décédé avant-hier dans un hôpital parisien des suites d’une longue maladie, a été rapatriée hier à Alger. Un événement qui ne manqua pas de réunir, l’espace d’un moment, dans une communion quelques figures du mouvement national et du système politique que beaucoup de choses parfois divisent. Ainsi verra-t-on autour du rituel de la “Fatiha” des membres du gouvernement actuel, des compagnons d’armes du défunt, les deux ex-hommes forts du pays, Chadli Bendjedid et Ali Kafi, ainsi que le ministre des Moudjahidine. Dans sa demeure à Club-des-Pins, dans la banlieue ouest d’Alger, beaucoup de ses proches, des syndicalistes, des sénateurs à l’image de Tahar Z’biri — l’auteur du coup d’État avorté contre Boumediene en 1967 — ainsi que des anonymes attendaient, la mine défaite, l’arrivée de la dépouille de celui qui fut pour beaucoup l’archétype de l’humble homme, dont l’engagement révolutionnaire épousait les idéaux de liberté. Même s’il était par quelques aspects presque proscrit à une certaine période avant d’être réhabilité à la fin de la décennie 90 en présidant, notamment en 1997 la Cnisel et en occupant le poste de sénateur, Sawt El-Arab, l’ancien colonel de la wilaya II (Nord constantinois) n’a jamais troqué son engagement pour le confort que procure le pouvoir. Jusqu’au crépuscule de sa vie, il a toujours choisi d’être au côté du peuple. C’est la raison d’ailleurs pour laquelle il avait émis le vœu d’être enterré dans un cimetière populaire, celui de Sidi-Yahia. Peut-être pensait-il qu’à El-Alia, comme dirait l’adage, reposeraient aussi bien ceux qui ont fait la Révolution que ceux qui ont en profité…
KARIM KEBIR
Liberté
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