Edition du Mercredi 25 Mai 2005
Culture
Par :Rubrique Culturelle
Nous l’avons rencontré à Boumerdès où il est venu participer à l’inauguration d’un centre culturel financé et équipé par une délégation composée de plusieurs associations de solidarité françaises et algériennes. La bride sur le cou, jovial et, surtout, plein d’humour, Smaïn a bien voulu répondre à nos questions.
Liberté : Vous êtes venu plusieurs fois en Algérie. Peut-on savoir dans quel cadre s’inscrit votre visite d’aujourd’hui ?
Smaïn : Je suis allé à Constantine la semaine dernière où j’étais parrain d’un spectacle de musique et de jazz qui s’intitule “Ma Djaz”, une belle initiative organisée par la ville de Constantine. Ensuite, je suis retourné à Aix-en-Provence, où je dois présenter mon spectacle dans le cadre de la tournée que j’effectue actuellement en France. Mais, je n’ai pas résisté à la proposition qui m’a été faite de venir ici à Boumerdès apporter un soutien d’affection à cette wilaya qui a vécu une vraie douleur à la suite du séisme qui l’a frappée le 21 mai 2003.
Comment jugez-vous cette solidarité franco-algérienne ?
Malgré l’existence d’un racisme latent en France, c’est dans le malheur vécu par les Algériens lors du tremblement de terre qu’un élan de solidarité nationale s’est manifesté en France avec des apports de fonds, des émissions de télévision et radio… Ce qui nous a permis de passer des appels de solidarité pour recueillir des fonds et autres aides nécessaires pour les sinistrés. C’est un mouvement de solidarité exceptionnel qui est né en France quelques instants après la catastrophe.
Quel message adressez-vous, justement, aux Français et Algériens pour rapprocher les deux peuples ?
C’est de ne pas déroger à mon devoir et à mon travail artistique. Je ne suis pas un homme politique. Ma politique, c’est mon visage, c’est le fait d’amuser les gens et les enfants des deux peuples. Cela vaut mieux que dix colloques antiracistes. Cela à une autre signification, donc je ne déroge pas à mon devoir d’artiste qui essaie de créer et d’inventer, c’est ma manière de participer à ce rapprochement.
Parlez-nous de Constantine à laquelle vous attachez une affection particulière…
Oui, j’attache beaucoup d’importance à Constantine parce que c’est une ville que je ne connais pas encore, bien que ma première douleur fut mon abandon dans cette ville, et si je renoue avec cette ville c’est pour renouer avec mon passé. Oui, je m’attache à Constantine, parce qu’elle représente pour moi la seule ville qui reste dans mon histoire. C’est comme un caillou trouvé sur son chemin ; on tient à ce caillou parce qu’il a contribué à la route qu’on emprunte pour retrouver ses racines. Je ne peux m’en séparer, mais cela ne m’empêche pas d’aimer l’Algérie, de l’Est à l’Ouest et du Sud au Nord, et de me sentir très heureux à Alger. Mais je vous avoue que lorsque je suis à Constantine, il y a une autre corde qui vibre, la corde de l’enfance et de l’affectif.
Des projets artistiques ici en Algérie ?
En Algérie, il n’y en a pas encore, probablement à l’avenir, mais en France, oui, puisque je suis en ce moment en tournée dans plusieurs villes et départements pour présenter mon spectacle et je viens de tourner un film qui passera à la télé au mois de septembre 2005. Je crois qu’avec les paraboles, vous n’allez pas le rater. Je dois partir demain pour poursuivre mes représentations car je suis ici à titre exceptionnel pour apporter mon soutien affectif à la population de Boumerdès.
M. T.
28 octobre 2010
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