De ses contemplations CHERRAD Mahieddine a tiré de merveilleuses conclusions qui ravissent aujourd’hui nos regards.
Il a compris que l’homme peut naviguer durant des années sur les flots d’une vie inégale et capricieuse sans rien voir de ses secrets. La vie est capable de léguer ses mythes et ses mystères sans jamais en donner les clés.
Alors l’homme se fait inventif et croit en son génie pour percer les ténèbres. Il peut être émotif et faire naïvement confiance à son instinct. Il peut être rêveur et mettre toutes ses chances dans une imagination fertile. Mais s’il n’a pas une grâce inexplicable, sa flamme n’éclairera aucun sentier.
Déçu et désemparé il s’installe alors sous la tonnelle de ses ignorances, se réclamant de ses prouesses physiques pour justifier son forfait mental. Il se raconte des histoires et commence même à croire à celles qu’il raconte à ses enfants pour les aider à dormir. Il prend sa paresse inavouée pour de la mélancolie et sa lâcheté camouflée pour de la sagesse.
Il continue à errer dans un espace façonné par les éléments où il n’a jamais eu une place définitive. Il s’abrite derrière l’enveloppe tannée de son passé pour cacher ses réminiscences. Dès lors, il n’a plus qu’un recours, la foi en la bénédiction des aïeux parce qu’il a, jusqu’alors, échappé au pire.
CHERRAD s’empare de la beauté en incandescence et lui offre le cérémonial qui manque à un leude qui s’ignore et l’aide à retirer le voile sombre qui leurre ses nuits blanches.
Et pour l’extraire des méandres révolus d’une pensée en panne, il invente une fertilité à sa seule présence. Sa création est par nature diverse et se démultiplie. II y a des œuvres qui convoquent le regard cultivé, carapacé dans un savoir douloureusement acquis. Il y a des œuvres qui se laissent adopter par un regard sans malice, simplement ébloui par la beauté en fusion. II y a, aussi, des œuvres qui brouillent le regard et lui communiquent l’opacité sans fin qu’elles ont héritée d’une erreur génétique. Comme il y a des œuvres closes, dont la ceinture de chasteté exprime toute l’expertise de leurs géniteurs. Il y a, enfin, des œuvres épanouies sur la «quintessence » desquelles chaque spectateur effectue un immense travail de contemplation qui les enrichit sans fin. Des œuvres qui s’engagent, à chaque regard, dans une bataille de sens et de dépassement qu’aucune partie ne cherche à gagner. Des œuvres qui enfantent, à chaque clin d’œil, des perspectives qui prennent leur élan pour s’échapper dans l’infini.
Cherrad s’adonne, avec allégresse, à l’ordonnancement modulaire de poussées convexes et concaves qui rythment un équilibre toujours en jeu dans une atmosphère cuivrée.
Le bois, le marbre ou le métal ne sont qu’une pâte façonnée par un souffle de vie que des mains fébriles dirigent comme un éventail intelligent sur des braises impotentes.
Des formes à géométrie variable, qui communient dans la limpidité des formes pour mieux trahir une réalité tronquée par sa propre complexité. Le relief exaspéré refuse de restituer une pensée obnubilée par l’exigence esthétique. Les enflures dégagent une sérénité révolue au moment où l’enthousiasme semble inonder la composition dans son ensemble.
L’espace repoussé transforme ses méandres en des notes agencées pour permettre à Cherrad de donner une voix au silence.
28 octobre 2010
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