Histoires algéroises ou la jeunesse volée SÉVERINE AÏT KACIMI Par : Nassira Belloula

Edition du Dimanche 29 Mai 2005

Culture

Le livre de Séverine Aït Kacimi revient sur un événement-clé dans l’histoire de l’Algérie, juste ces premières années post-indépendance à travers une série de portraits de personnages atypiques, haut en couleur, qui ne s’étaient pas résignés à une  vie rangée.

Séverine Aït Kaci revient sur un pan de notre histoire, mais surtout sur un pan de sa jeunesse, une chronique algéroise des années post-indépendance dans un livre qui vient de paraître aux éditions Dar El-Gharb.  Ces années de confusion, de quête, de souffrances, mais surtout d’indifférence. L’après-1962, encore amer par les années de lutte, douloureux par les souffrances vécues, mais aussi celui du déchantement, que reste-t-il après que les révolutionnaires sont rentrés chez eux, les combattants mariés en catastrophe avec la première femme choisie par la mère et que les naissances ont succédé aux années ?
C’était les années des filles en minijupes sur la rue Didouche-Mourad (ex- Michelet). Il y a aussi les copains, le Coq Hardi, la Brasserie des Facultés, la Cafétéria et la douceur de vivre, le plaisir longtemps réprimé refait surface. Alger était aussi devenue une capitale cosmopolite, réunissant tous les révolutionnaires de la terre, les pays du bloc communiste, des personnages pittoresques jusqu’au Noirs américains de l’équipe d’Elreadge Cleaver (Leader noir américain des Blacks Panthers). C’était l’été 1969 lorsque les panafricains se sont éteintes et les branchés se retrouvaient à la plage de la Jeunesse FLN, à la Pointe Pescade.
Mais, cela n’allait être qu’une halte, car le pays prenait un autre tournant, Alger s’est mise alors à se débarrasser progressivement de ses visiteurs, devenus encombrants pour le régime.
Le pouvoir s’attache alors aux coopérants techniques du Moyen-Orient, enfermant le pays dans une coquille, développant la paranoïa anti-occidentale.
Les chroniques de Séverine Aït Kacimi sont drôles, tragiques, émouvantes, interrogatrices, elle est  venue en Algérie vivre la libération… Ô, certes que la vie est passée, le compagnon rencontré dans ces luttes a disparu, mais elle s’accroche au souvenir, à ces années exaltantes qui se situent entre les Accords d’Évian, en mars 1962, et la reprise en main militaro-bureaucratique de juin 1962.
Elle nous fait revivre justement cet entre-deux où l’on avait pu en Algérie croire à la liberté.

Séverine Aït Kacimi à la librairie El-Ghazali
De passage en Algérie, l’auteur de Histoires algéroises ou la jeunesse volée, Séverine Aït Kacimi, signera son livre, ce lundi, à la librairie El-Ghazali, à partir de 14h30.

Nassira Belloula