Edition du Jeudi 07 Avril 2005
La nouvelle de Adila Katia
L’inavouable
RÉSUMé : Ouarda est là quand son fils arrive. Elle en profite pour le monter contre sa femme, la jugeant responsable de la mort du bébé. La déception et la colère font qu’il la laisse décider. Ouarda décide de porter le coup fatal. Car elle n’a pas de temps à perdre…
Ouarda sait que lorsque son mari saura, il allait se mettre dans une colère noire. Elle ne perd pas de temps. Dès que Rachid lui a débrouillé un taxi pour l’emmener à la maternité, elle prie pour ne pas y trouver Mustapha. Il lui rendrait les choses difficiles. Elle ne se fait aucun doute là-dessus.
Une fois arrivé à la maternité, Rachid s’occupe de remplir les papiers à l’administration pour la sortie de sa femme. Dès qu’il en a fini, il envoie sa mère chercher Latéfa. Mais il ne reste pas près du taxi qui doit les emmener. Il ne veut plus la voir.
Latéfa est surprise de voir sa belle-mère revenir. Elle craint une nouvelle scène. Ses insinuations sont pires que des accusations. Même si elle n’a aucune preuve de ce qu’elle a avancé, elle ne la laissera jamais tranquille.
Elle la regarde entrer puis ramasser ses affaires. Elle lui donne un châle et une robe à tissu épais, pour lui porter chaud.
- Allez vite, lui dit-elle. On nous attend dehors.
- Rachid ? Est-ce qu’il est là ? Pourquoi n’est-il pas monté ?
- Il n’est pas encore rentré à la maison. Vous vous verrez plus tard, dit Ouarda.
Latéfa s’habille et la suit dehors. Elle ne comprend pas pourquoi son beau-père n’est pas là pour les raccompagner à la maison. Elle ne fait aucune remarque devant le taxieur. Même quand il prend une autre direction que celle qui mène à la maison. Elle s’était tournée vers sa belle-mère et celle-ci lui a fait signe de se taire. Épuisée, Latéfa ferme les yeux pendant un moment. Le fait de quitter la maternité sans son bébé a été une autre rude épreuve. La jeune femme se dit qu’avec Rachid à ses côtés, elle s’en remettra vite.
- Je vous dépose où ? demande le taxieur à Ouarda, tirant Latéfa de son assoupissement.
- Près du portail.
En ouvrant les yeux, Latéfa fronce les sourcils en reconnaissant la maison de ses parents.
- Pourquoi on est venu ici ?
- Tu vas vite le savoir. Descends.
- Quelque chose est arrivée à mon père ? Ou à Fathma ? demande-t-elle. Dis-moi !
- Non, non, ils vont bien. Je te le jure…
Latéfa n’est pas vraiment rassurée tant son cœur est serré. Elle descend du taxi et suit sa belle-mère. Après avoir frappé à la porte, Latéfa remarque la surprise de sa marâtre. Celle-ci s’inquiète en la voyant aussi pâle et si faible.
- D’où venez-vous ? les interroge-t-elle. Pourquoi ammi Mustapha ne vous accompagne pas ? Et Rachid ?
- Ils ont affaire, répond Ouarda dont le visage se durcit. Je t’ai ramené ta fille…
- Pourquoi ?
- Elle a tué son bébé, dit Ouarda. C’est pour cette raison qu’elle est répudiée.
- Elle ne peut pas l’avoir tué, s’écrie Fathma. Elle est incapable de faire du mal à une mouche.
- Je t’aurais cru si cela n’était pas arrivé. Si vous avez un peu de fierté, gardez-la enfermée ! Elle est indigne de respect… de tout… Elle mérite de mourir pour ce qu’elle a fait. C’est aussi pour cela que toute la famille ne veut plus entendre parler d’elle. Sa grossesse aurait pu consolider son mariage. Puisqu’elle a tué le bébé, plus rien ne nous lie à vous !
Latéfa, tout en pleurant, tente de se défendre. Elle se sent mal. Elle perd connaissance et Fathma la rattrape de justesse. Ouarda ne reste pas. Elle repart, heureuse d’avoir mené à bien sa mission. Toutefois, en rentrant chez elle, elle appréhende l’instant où elle se retrouvera en face de son mari…
(À suivre)
A. K.
ADILAKATIA@YAHOO.FR
28 octobre 2010
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