Edition du Lundi 30 Mai 2005
La nouvelle de Adila Katia
Cœurs brisés
RÉSUMÉ : Hamid part très tôt au travail, pour se rattraper. Nawel ne traîne pas au lit. La salle de bains et la cuisine sont dans un état indescriptible. Elle met de l’ordre dans sa chambre puis se prépare à partir. Son beau-père veut l’accompagner. Elle part, sans lui, et se rend directement au travail de son mari…
Hamid est surpris de la voir entrer dans son bureau. Ses collègues ne sont pas encore arrivés et Nawel en profite pour discuter avec lui. Il a deviné qu’il s’est encore passé quelque chose.
- C’est qui cette fois ?
- Ton père… Il voulait venir avec moi, au travail. Il a dit qu’à partir d’aujourd’hui, je ne sortirai plus, lui répète-t-elle. Je ne vois pas pourquoi il me surveillerait ! Pourquoi ne cherche-t-il pas du travail ?
- Qu’en sais-tu ? Tu ne crois tout de même pas qu’il se plaît à vivre sans un sou ?
- Non, non, mais est-ce que tu pourrais discuter avec lui ? le prie-t-elle. C’est déjà difficile de les avoir à la maison. Avoir ton père derrière le dos, dehors, tu ne trouves pas qu’il exagère ?
- Je lui en parlerai, promet Hamid. C’est tout ?
- Est-ce que tu es passé par la salle de bains et la cuisine ? lui demande-t-elle, sans attendre sa réponse. Je ne veux pas de problèmes ou te couper de ta famille. Pourrais-tu seulement leur demander de s’occuper du ménage ? Je ne peux pas passer derrière eux. J’ignore si tu réalises mais la propreté de notre foyer exige un entretien au quotidien.
- J’avais l’intention d’en parler. Ne t’en fais pas. Je m’occupe de tout.
Nawel est rassurée. Elle le laisse travailler et part à l’atelier de couture en taxi, pour ne pas arriver en retard. Elle a quelques minutes d’avance et elle en profite pour aller prendre un bon petit-déjeuner. Elle en a besoin. Elle n’a presque rien mangé depuis deux jours. Une fois rassasiée, elle va travailler. C’est une journée chargée et elle n’a presque pas le temps de penser.
C’est une bonne chose pour elle. Elle s’est un peu détendue même si le travail est épuisant. Elle a discuté un moment avec son amie Houda. Cela lui a fait du bien de se confier à quelqu’un. Les promesses de son mari l’ont rassurée et elle sait qu’elle peut se reposer sur lui.
- Oui, c’est vrai, ton mari est bien avec plein de qualités, mais mets-toi en tête qu’à force de te plaindre à lui, d’entrer dans le vilain jeu de sa famille, il finira par craquer. N’oublie jamais que c’est sa famille malgré tout.
- Je sais.
Mais Nawel ignore si elle tiendra le coup. Si son beau-père se montre très autoritaire, elle se demande si son mari aura la force de lui tenir tête. Il a eu le courage de défier sa famille, une fois, et il s’est retrouvé seul. Qu’en sera-t-il cette fois ?
Elle sait qu’il y aura d’autres problèmes. Si ce n’est pas avec ses beaux-parents, ce sera avec les autres. Comment réagira Hamid, à la longue ? Restera-t-il tendre et attentif comme avant ? Ou deviendra-t-il comme eux ?
Que fera-t-elle alors ? La question la laisse pensive. Elle tremble à l’idée que leur amour ne soit pas assez fort pour surpasser les problèmes que ne manquera pas de créer sa belle-famille. Hamid allait subir des pressions chaque jour. Nawel réalise que son amie n’a pas tort sur ce point. Il pouvait craquer. Tout en rentrant chez elle, elle se demande s’il avait à choisir, il referait le même choix ?
C’est une question qui ne quitte pas son esprit. Ce jour-là, quand elle rentre, elle trouve la maison propre. Il y a de l’ambiance dans le salon. Quand elle y entre, elle peut constater que son beau-père n’est pas là. Tous lui tournent du dos et se taisent. Mais cela ne la touche pas, car elle n’en attendait pas moins d’eux.
(À suivre)
A. K.
ADILAKATIA@YAHOO.FR
28 octobre 2010
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