Edition du Lundi 04 Avril 2005
La nouvelle de Adila Katia
L’inavouable
RÉSUMÉ : Ouarda ne fait aucun scandale même si, parfois, elle a des envies de commettre un meurtre. Elle attend la bonne occasion de se venger. Le soir où Latéfa va accoucher, elle en profite pour fouiller sa chambre. Elle n’y trouve rien. Cependant, elle a une idée pour lui nuire…
Ouarda dort depuis bien longtemps quand son mari Mustapha rentre de la maternité. Il ne va pas se coucher. Il se fait du café et va dans le salon. Il sait qu’il ne pourra pas dormir. La nuit a été longue et pénible.
Il aurait sûrement attendu sans s’angoisser et sans faire les cent pas, s’il n’avait pas entendu la sage-femme dire à une infirmière d’aller chercher le médecin du village.
Latéfa ne se sentait pas bien. Le médecin était vite venu et avait assisté la sage-femme dans l’accouchement. Ce dernier s’était très mal passé. Latéfa a beaucoup souffert. Tout comme le bébé. Ce dernier n’aura pas eu la chance de vivre longtemps.
- Pourquoi c’est arrivé ? se demande-t-il. Qu’est-ce que je vais dire à Rachid ? Les pauvres ne méritent pas de subir cette épreuve.
Mustapha a vraiment de la peine pour sa belle-fille. Il aurait voulu qu’elle ne perde pas son bébé.
- Quel malchance ! J’imaginais déjà la fête qu’on aurait donnée.
Quand Ouarda se lève, elle le trouve perdu dans ses pensées.
Il se tient la tête entre les mains. Comme toujours, elle a quelque chose à lui reprocher.
- Tu aurais pu me réveiller, lui dit-elle, le tirant brusquement de ses sombres pensées. Alors, comment s’est passée la nuit ? Tu es fier d’être grand-père ?
- Rien ne s’est passé comme prévu, répond Mustapha. Tu vas être folle de joie.
- Ah oui ? Et pourquoi ? Elle est… ? Mais Ouarda ne termine pas sa question.
Elle s’approche de lui et voit bien qu’il fait la tête.
Elle ne tient plus en place. Elle le presse de questions.
- Mais, qu’est-ce qui s’est passé ? Raconte. Pourquoi gardes-tu le silence ? Qu’est-il arrivé ?
- Si tu avais tenu ton rôle de belle-mère, tu n’aurais pas à poser de questions, réplique Mustapha. Mais, toi, tu es rentrée pour dormir. Comme si elle n’était rien pour toi.
- Mais parle ! Qu’est-ce qu’il faut que je fasse pour que tu me dises enfin comment s’est passée la nuit ?
Mustapha ne lui dit rien. Il sait combien la nouvelle la réjouira et il ne voulait pas lui donner ce plaisir.
- Si tu continues à te taire, je vais me rendre tout de suite à la maternité, dit-elle, croyant que cela le poussera à la mettre au courant.
- Tu peux toujours courir.
Ouarda n’attend pas qu’il le lui répète. Elle met son hidjab et son foulard et part sur-le-champ. Mustapha, qui lui reproche son non-assistance morale et physique, ne la retient pas et décide de ne pas la rejoindre tout de suite.
Il ne veut pas voir la joie éclairer son visage.
Mais il peut très bien l’imaginer. Ouarda arrive à la maternité, alors que la sage-femme s’apprêtait à partir, ayant fini sa nuit de garde.
- Comment va ma belle-fille ? lui demande-t-elle.
- Elle s’en remettra vite, répond-elle. Et puis, elle est encore jeune. Elle en aura d’autres.
- Elle en aura d’autres, se répète Ouarda en se rendant à sa chambre. Ça veut dire que le bébé est mort, en conclut-elle. Pourquoi ce n’est pas elle ?
Mais en y réfléchissant, l’occasion est trop belle pour la laisser passer. Déjà, elle monte tout un scénario. Elle a même de quoi la rendre coupable aux yeux de tous…
(À suivre)
A. K.
ADILAKATIA@YAHOO.FR
28 octobre 2010
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