Edition du Dimanche 03 Avril 2005
La nouvelle de Adila Katia
L’inavouable
RÉSUMÉ : C’est au hammam que Ouarda découvre que Mustapha passait des commandes de fruits et de gâteaux depuis le début de la grossesse de Latéfa. Elle enrage. Elle pense à sa vengeance…
Non, se dit Ouarda. Hors de question de lui empoisonner les pommes ou les bananes que mon cher mari lui apporte. Je ne veux pas devenir une criminelle. Je pourrais leur jouer un tour dont ils ne s’en remettront pas. Mais que faire ?
Qu’est-ce que Rachid ne pourrait pas lui pardonner ?
Pendant des jours et des nuits entières, elle ne cesse d’y réfléchir. Elle est incapable de dormir. À regarder son mari dormir tranquille et l’entendre ronfler, elle a envie de prendre un coussin et de le presser sur son visage jusqu’à étouffement. Même en l’imaginant mort, elle bouille encore de colère.
Elle est si angoissée et nerveuse qu’elle est forcée de voir un médecin qui lui prescrit des calmants. Sans ces médicaments, elle pourrait très bien s’en prendre à eux. Tout lui rappelle leur trahison.
Lorsqu’elle tombe sur un emballage jeté à la poubelle et qu’elle n’a pas vu auparavant, elle a envie d’étrangler sa belle-fille.
Elle ne la supporte plus. Parfois, sans le vouloir, des images viennent la troubler. Son imagination y est pour beaucoup et ne lui laisse aucun répit.
- Et s’il y a plus entre eux ? Et si… ?
Ouarda se frotte les yeux, comme pour pouvoir les chasser. Elle a mal au cœur et gémit.
- Tu as mal aux dents ? l’interroge Mustapha.
- Si ce n’était que ça, soupire-t-elle.
Elle enrage en ne trouvant pas de remède à son mal. S’ils ont osé avoir une relation avant, il lui est évident que rien ne pourra les empêcher de la reprendre. Rachid ne se doute de rien. Quelle sera sa réaction si cela lui parvenait aux oreilles ?
Il pourrait les tuer sous le coup de la colère. Il se retrouverait en prison.
- Non, pense-t-elle. Il est hors de question qu’il se gâche la vie à cause d’eux. Mais qu’est-ce que je pourrai bien faire ?
Comme elle n’a trouvé aucune bonne idée, elle est contrainte de patienter. Elle espère avoir une solution avant l’accouchement de sa belle-fille.
Car, connaissant son fils, s’il a l’occasion de connaître son bébé, il s’y attachera vite. Elle aura du mal à les séparer.
Le soir où Latéfa a les premières contractions, Rachid n’est pas là. C’est elle et Mustapha qui l’emmènent à la maternité. Après avoir confié Latéfa à la sage-femme, Ouarda retourne chez elle. C’est l’occasion pour elle de pouvoir jeter un œil dans la chambre de sa belle-fille, sans la crainte d’être surprise par quiconque. À Mustapha, qui lui demande ce qu’elle fait, elle répond avec un sourire :
- Je vais lui préparer ses affaires. Elle va passer la nuit là-bas, et demain matin, on ira les lui apporter.
- Tu ne vas pas passer la nuit avec elle ? Pourquoi ? veut-il savoir.
- Elle n’a pas besoin de moi. Juste d’une sage-femme expérimentée, répond-elle.
- On pourrait lui apporter de la tisane, dit-il.
- Et quoi encore ? rétorque-t-elle. Et lui tenir la main ? Si tu en as envie, tu n’as qu’à y aller. Je ne te retiens pas.
Mustapha ne se fait pas prier. Il retourne à la maternité. Ouarda en profite pour fouiller la garde-robe et ne trouve rien d’intéressant.
Cependant, avant de se coucher, elle a une idée en prenant ses médicaments. Pourquoi ne pas laisser un ou deux flacons dans un tiroir de la commode de Latéfa ?
(À suivre)
A. K.
ADILAKATIA@YAHOO.FR
28 octobre 2010
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