Edition du Jeudi 26 Mai 2005
RÉSUMÉ : Nawel passe une mauvaise journée. N’ayant pas la force de les affronter tout de suite, elle traîne dans les rues. La nuit tombe et elle est contrainte de rentrer chez elle, même si elle n’en a pas envie. On lui ferme la porte au nez. Et, quand elle frappe, personne ne lui ouvre…
Nawel a attendu un moment avant de refrapper. Comme les fois précédentes, personne ne lui a ouvert.
Elle prend son sac et sort du bâtiment. Elle entre dans un taxiphone et appelle son mari. Elle est si mal qu’elle se met à pleurer. Elle a du mal à parler. Elle doit se répéter à plusieurs reprises, pour que Hamid comprenne ce qu’elle dit.
- Ils ne veulent pas m’ouvrir. J’ai frappé plusieurs fois. Je ne sais pas quoi faire.
- Tu as vraiment frappé ? Jure-moi que tu n’es pas en train de tenter de créer des problèmes ? la prie Hamid. Nawel chérie, je t’en prie, est-ce que tu me dis la vérité ?
- Rien que la vérité, je te le jure sur ma vie, sur la tête de mes parents. Hamid, qu’est-ce que je dois faire ?
- Va m’attendre dans la cage d’escalier, lui dit-il. Je viens tout de suite. Nawel se sent beaucoup mieux après avoir parlé avec lui. Elle retourne dans le bâtiment et y attend son mari.
Moins d’une demi-heure après, il arrive. Ils montent ensemble et surprise, il a à peine frappé deux coups qu’on ouvre.
Une femme âgée l’accueille à bras ouverts. Nawel n’est pas concernée. Les gestes affectueux et les mots gentils ne sont destinés qu’à Hamid. Toute sa famille s’est empressée de venir à lui. Nawel écarquille les yeux, tout en les comptant. Ils sont huit. Les parents de Hamid, ses deux frères, ses trois sœurs ainsi que la vieille. Elle ne sait pas encore que c’est sa grand-mère maternelle et qu’elle vit depuis longtemps, chez sa fille Farida.
- Je vous présente ma femme Nawel, dit Hamid en la tirant par la main, pour qu’elle entre.
- Ah, c’est elle. C’est à croire que tu es aveugle, soupire sa mère en la scrutant de la tête aux pieds. Tu n’aurais pu trouver pire. Elle ne ressemble à rien. Elle n’est pas digne de toi. Nawel sent une sueur froide mouiller son corps. Elle se tourne vers Hamid, attendant une réponse. Elle le trouve lent à la réplique.
- Tu n’as pas perdu ta mauvaise langue en chemin, dit-il. Moi, je la trouve à mon goût. Elle fait mon bonheur.
- J’ai du mal à le croire, rétorque sa mère. Tout à l’heure, on aurait dit une folle. Elle s’est donnée en spectacle devant les voisins. Tu aurais vu comment elle frappait à la porte ! Elle voulait la fendre en deux.
- Pourquoi ne lui avez-vous pas ouvert ?
- J’avais peur qu’elle ne s’en prenne à nous, lui dit sa mère. Je te jure qu’on aurait dit une folle. Va demander à tes voisins, ils te le confirmeront !
- Elle ment, lâche Nawel. La porte était ouverte et j’allais entrer quand elle me l’a claquée au nez. J’ai essayé d’ouvrir avec la clef mais elle avait mis le loquet de sécurité. J’ai cru devenir folle de colère.
- C’est ce que je te disais, intervient Farida. Il ne faut pas lui faire confiance, elle n’est pas bien dans sa tête.
- Hamid ! Je ne me sens pas bien… Emmène-moi ailleurs, le prie Nawel.
- Que ne ferais-tu pas pour l’attendrir ? Nawel perd connaissance et si Hamid ne l’avait pas rattrapée, elle se serait écroulée sur le carrelage. Il la prend et la dépose sur le canapé. Sa famille est penchée sur eux.
- Poussez-vous. Que quelqu’un aille chercher de l’eau. Mais ni l’eau ni le parfum ne ramenèrent Nawel à elle. Son inconscience inquiète Hamid. Il décide d’aller chercher le médecin résidant dans le quartier. Mais, une fois arrivé devant la porte, il rebrousse chemin. Il ne sera pas tranquille s’il la laisse derrière, là, avec eux.
(À suivre)
A. K.
ADILAKATIA@YAHOO.FR
28 octobre 2010
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