Edition du Samedi 02 Avril 2005
La nouvelle de Adila Katia
L’inavouable
RÉSUMÉ : Mustapha met souvent Latéfa dans la gêne en lui apportant des gâteries. Il prétexte à Rachid vouloir prendre soin d’elle. Même si Rachid lui a demandé d’arrêter, Mustapha continue à la gâter. À l’insu de sa femme. Un jour, elles se rendent ensemble au hammam. Rien ne se passera comme prévu…
Latéfa ne se rend compte de rien. Elle ne connaît aucune des femmes. Une bonne ambiance règne. Il y a des rires et des murmures. Certaines profitent de ce moment de retrouvailles pour se confier. Sa belle-mère est aussi en train de discuter à voix basse avec une femme d’un âge mûr. Latéfa voudrait bien savoir ce qui se dit mais la masseuse vient de lui faire signe.
Elle ne refuse pas d’être massée. Dans son état, elle ne peut pas tarder dans le bain.
Il fait si chaud. Comme elle ne se sent pas bien, elle finit vite de se rincer et retourne aux vestiaires. Là, elle reprend son souffle et s’habille. Elle est étonnée que sa belle-mère n’ait pas cherché après elle.
En fait, Ouarda était tombée sur l’épouse du commerçant qui a l’habitude, depuis des mois, d’acheter des fruits exotiques et autres gâteaux d’Alger.
- Oui, les fraises étaient délicieuses, dit Ouarda.
- Et les bananes ? Et l’ananas ? Mais je ne devrais pas poser cette question, ils sont naturellement bons, dit la femme du commerçant. Quant aux gâteaux, mon mari les choisit chez le meilleur pâtissier d’Alger.
- Ah oui. C’est très gentil de sa part. J’espère qu’il ne nous en veut pas d’abuser de sa gentillesse, soupire Ouarda.
- Mais non, la rassure-t-elle. C’est un plaisir que de pouvoir rendre service, surtout quand c’est pour une femme enceinte. Je vous trouve très prévenants. Seulement sa grossesse est presque à terme. Normalement, les envies doivent lui avoir passé depuis longtemps.
- Normalement. Tu m’excuseras mais je vais me doucher. Je ne peux pas tarder. On ne sait jamais pour Latéfa ?
Ouarda est pressée de rentrer à la maison. Elle n’a pas pris son bain mais juste une douche. Latéfa a pris un jus et un morceau de galette en attendant qu’elle ait fini.
- Tu as bien fait de ne pas tarder dans le bain. Il est trop chauffé, dit Ouarda. J’ai hâte de rentrer me reposer. Le hammam n’est plus pour les gens de mon âge.
De retour à la maison, chacune va dans sa chambre. Latéfa, qui n’a encore rien à faire, s’étend pendant un moment et en profite pour écouter la radio. Elle ne serait pas restée couchée si elle avait pu savoir que sa belle-mère a quitté sa chambre sur la pointe des pieds. Elle s’est rendue à la cuisine et a fouillé la poubelle.
Elle tombe sur des épluchures de pommes et de bananes, dessert auquel la famille n’a pas goûté. Elle retourne dans sa chambre et elle doit faire violence sur elle-même, pour ne pas aller trouver sa belle-fille et lui donner une raclée. Mais elle n’est pas la seule à la mériter, il y a aussi son mari. Ouarda enrage à l’idée que tout se soit passé sous son nez sans qu’elle s’en soit rendu compte. Ils l’ont bien eu, mais sa colère est si terrible qu’elle pense déjà à sa vengeance…
(À suivre)
A. K.
ADILAKATIA@yahoo.fr
28 octobre 2010
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