Edition du Mercredi 27 Octobre 2010
Des gens et des faits
“Condamnée à la solitude”
La nouvelle de Adila Katia
RéSUMé : Zohra déprimait. Elle entra à l’hôpital. Son père vint à son chevet. Entourée de ceux qu’elle aimait, elle allait mieux. Un jour, ils ratent leur visite. M’hand s’était suicidé…
5eme partie
Pourtant il n’était pas fou. C’était quelqu’un de merveilleux, de très gentil, dit son père, très peiné. Et personne ne lui connaît de problèmes.
Zohra se détourna et pinça ses lèvres, mais ne pleura pas.
- Il n’avait que vingt-huit ans, une enquête a été ouverte par la gendarmerie, ajouta Hamou. Qu’a-t-il bien pu faire qui lui ait donné des remords ?
Zohra aurait pu répondre à cette question, mais elle devait garder le silence jusqu’à sa mort. Comme si la mort de M’hand avait été un remède, elle commença à mieux se porter. Elle put par la suite quitter l’hôpital, avec un traitement à suivre. Son père repartit en Allemagne dès que les médecins lui assurèrent qu’elle s’en sortirait rapidement. Une fois à Berlin, il lui envoya de nombreux cadeaux, et cela ne fit que provoquer de nouvelles querelles entre elle et sa marâtre.
Mais Zohra n’y portait aucune importance, elle était heureuse d’avoir retrouvé ses frères et sa famille au village.
Il y eut deux ou trois prétendants dont les épouses étaient mortes. Ali avait accepté mais Adidi, une fois seule avec Zohra, la menaçait de révéler à la future belle-mère qu’elle ne devait rien attendre d’elle.
La jeune fille avait beau lui rappeler que c’était son frère qui en était responsable, elle continuait à la menacer. Mais il n’était plus là.
Zohra regrettait de ne pas avoir mis au courant sa famille du vivant de M’hand, elle aurait pu se marier avec lui.
Mais qui l’aurait crue ou compris son silence ? S’il avait abusé d’elle, pourquoi ne l’avait-elle pas dénoncé ? se demanderaient tous ceux qui auraient été mis dans la confidence.
Il aurait été évident pour eux que le défunt M’hand n’avait pas été le seul à l’avoir connue !
À trente-deux ans, Zohra n’était toujours pas mariée. Elle était considérée comme la vieille fille du village. Toutes ses cousines ayant son âge avaient quatre ou cinq enfants.
À force d’être montrée du doigt, elle n’alla plus aux fêtes, préférant rester seule et méditer sur sa vie, combien triste, combien malheureuse et douloureuse. Sa marâtre, pour la première fois depuis vingt-six ans de mariage, était enceinte. Elle eut une fille, Ghania, qui apporta de la joie dans la maison. Zohra s’en occupa, heureuse de cet événement, qui la contraignait à oublier sa malchance. Elle ne pensait plus au mariage. Qui voudrait d’une vieille fille ?
La présence de l’adorable Ghania suffisait à la faire sourire. Parfois, elle l’emmenait en promenade jusqu’à la fontaine à une heure où tous les hommes du village sont au souk. Elle ignorait qu’en rentrant ce jour-là, elle tomberait sur son frère Ali en compagnie d’un ami, professeur de géographie. Il lui faisait visiter la région et la découverte des terrains accidentés. Zohra et Ghania furent présentées à ce charmant homme aux tempes grisonnantes et aux lunettes qui glissaient sur son nez.
À suivre
A. K.
27 octobre 2010
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