Beaucoup de flousse ça aide non seulement à vivre aisément, mais ça donne une stature. Même si on dit que l’argent peut acheter le médicament mais pas la santé, même si l’argent peut acheter la plus belle chambre à coucher et pas le sommeil, il faut aimer l’argent. C’est grâce à lui que tu es, du moins dans notre société. Tenez, une situation que de nombreuses personnes ont sans doute vécue.
Un povrico, petit fonctionnaire qui raconte, lors d’une rencontre familiale, une blague, elle est très drôle, elle ferait rire des rescapés du tsunami mais l’assistance lancera, à peine, un ha ha ha poli à la limite de l’ennui. Cette même anecdote, racontée gauchement par un «cheikh bancaire» à cette même assistance, provoquera le fou rire qui frise l’hystérie.
D’autres situations moins drôles celles-là : deux frères, l’un est aisé, l’autre lésé, prennent leurs enfants du même âge pour rendre visite à leurs grands-parents. Turbulents, les enfants n’arrêtent pas de bouger. C’est de leur âge, en plus quand les enfants se rencontrent c’est la joie. Ils ne savent l’exprimer que bruyamment. Ce qui, il est vrai, perturbe le train-train des vieux qui réagiront différemment. Aux uns, pour les calmer, ils diront: «Arrêtez de courir, vous allez vous faire mal », à d’autres enfants : « Barka ma tayar baghi takoul larde, ce n’est pas une éducation ça ! ».
Le povrico, salarié, esquinté par trop d’humidité est alité depuis des jours, tout le monde est au courant mais chkoun jab khabrou. Alors que le petit malaise du « cheikh bancaire » crée la fièvre des visites. Son téléphone n’arrête pas de sonner: « allah ijib ecchifa ».
Quand le povrico prend un verre, c’est un skayri, saoulard. Quand c’est l’autre, son verre devient de la poésie, c’est un « zahouani ». Quand le povrico invité à une fête mange de bon appétit, on susurrera: « On dirait qu’il n’a pas mangé depuis un siècle ». Quand c’est l’autre qui fait le goinfre
, « il a fait honneur à la table. Yabghi les zradi ». Aimez-vous les Huns et les autres !
23 octobre 2010
Contributions