Edition du Samedi 23 Octobre 2010
Des gens et des faits
“Condamnée à la solitude
La nouvelle de Adila Katia
1re partie
Charmante jeune fille aux traits angéliques, aux yeux clairs rêveurs et au sourire nostalgique, Ghania était quelqu’un de formidable, avec qui on sympathise très vite. Elle était très estimée par sa famille et les enfants du village. Elle était aussi la favorite de son oncle paternel et tentait parfois d’en profiter. Comme maintenant…
Elle venait d’avoir dix-huit ans et aussi avait réussi au bac. Cet âge était très significatif dans un petit village qui n’a perçu aucun changement, aucune touche de modernité, de tolérance et de libéralisme.
Nous sommes en 1986, dans les hauteurs du Djurdjura, et c’est là où réside la famille de Ghania lorsqu’elle fait appel à son oncle et autres vieux cousins de son père, et ce, pour continuer ses études à l’université.
Son père Hamou et son frère aîné Ali y sont très sceptiques et font la sourde oreille quand les alliés de Ghania tente de les convaincre qu’étant une jeune fille très sérieuse, elle ne leur apporterait aucunement le déshonneur.
Mais Hamou et son fils persistaient. Pour eux, comme Ghania avait de nombreux prétendants, l’unique décision à prendre était de la marier.
Peu importe avec qui, que ce soit avec un garçon du village ou un inconnu, l’essentiel, aux yeux d’Ali surtout, était de se préserver du déshonneur. Une fois la jeune fille promise puis mariée, ayant de nouvelles responsabilités et, pourquoi pas, un enfant, elle ne songerait plus à étudier. Alors, elle se consacrerait à sa nouvelle famille, à sa nouvelle vie.
Le vieux père avait cru que la tâche lui serait simplifiée à l’aide de cris et de coups pour venir à bout de l’obstination de sa fille qui, parfois, s’enfuyait chez son oncle paternel Hacène.
D’ailleurs, il lui rendait la vie impossible à vivre depuis son entrée au lycée ,et c’était depuis que Ghania avait choisi de vivre chez son oncle.
Quand il lui arrivait de partir chez elle, elle revenait au galop après avoir reçu quelques coups de surprise.
Elle fut contrainte à rester chez son oncle après avoir eu son bac et n’ayant pas l’autorisation de son père pour aller à l’université. C’était le seul endroit où elle pouvait être à l’abri des insultes et des coups de son père qui, en prenant de l’âge, devient très violent.
Malgré toutes les interrogations que pouvaient susciter les querelles et l’obstination de part et d’autre, les prétendants n’avaient pas déserté la maison du vieux Hamou. Mais ces derniers devaient faire leur demande en mariage à Hamou, puis à Hacène.
Une vraie gymnastique qui fatigua plus d’un vu que Hamou refusait toujours celui que Hacène acceptait et que celui-ci refusait celui qu’avait accepté Hamou.
À toutes ses demandes, Ghania ne fut jamais consultée. Son oncle savait qu’elle ne songeait pas à se marier, c’était aussi pourquoi la jeune fille ne s’en était jamais souciée. Elle avait compris depuis longtemps que son oncle donnerait toujours une réponse différente de celle de son frère.
Ghania envisageait toujours de poursuivre ses études bien qu’enfermée depuis presqu’une année. Lorsque vinrent sa sœur aînée Zohra et son mari Boualem d’Alger, la jeune fille sut qu’elle était sauvée.
Ce fut son oncle Hacène qui les mit au courant, les sachant très sensibles et compréhensifs, il savait qu’ils la défendraient.
Boualem, professeur au lycée, promit à son beau-père que la jeune fille serait toujours accompagnée, ceci dit pour le rassurer. Il savait qu’il ne pouvait pas être constamment derrière le dos de sa belle-sœur. Mais il devait la sortir de là…
À suivre
A. K.
23 octobre 2010
1.Extraits