Edition du Samedi 21 Mai 2005
Culture
Tout commence par l’extase, cette déchirure qui traverse le corps. Aït Menguellet arrive sur scène. Les spectateurs se lèvent. Il crie. Il aime. Il y a longtemps qu’Alger n’avait pas vibré à sa voix. Le mot de Lounis a sonné le tocsin. Aït Menguellet chante Louiza, il donne la parole aux larmes… Aït Menguellet, gentiment, mélange l’algérien de l’intérieur.
C’est-à-dire là-haut. Là où tout se fait. Là où ça va mal. Il a été, ce jeudi et ce vendredi, à Ibn-Khaldoun, il n’y était pas seul. Il y avait avec lui tant de vies… Malin, Lounis a commencé par les vieilles chansons. Notre jeunesse. “Dis-moi, s’il te plaît, est-ce ton fils ?” En kabyle, les yeux du gosse font pleurer. Hall. Plusieurs univers se retrouvent. Il y a les vieux et il y a les autres. Nous voici face à l’avenir. Les présents savent comment se fabrique un pays. Autour d’un thé, à défaut de tous les défauts, ils redimensionnent les songes. À partir du 23 mai et jusqu’au 26, à Tizi Ouzou, puis les 30 et 31 août à Bouira, il reviendra. Sur scène, Lounis Aït Menguellet est immense, pas par la taille. Physiquement, il peut. Dans la tête, il peut. C’est tellement bien fait que ça donne envie de parler en arabe et beaucoup accessoirement en kabyle. Comme diraient nos mères. À Ibn-Khaldoun, le bien-nommé, dans cette salle de plus de 800 places qui peut faire rosir nos visages, tout fonctionne à merveille, à commencer par l’essentiel : le son ! Aït Menguellet a été soigné par la salle qu’il a choisi. Le son redécouvre les artistes. Et puis ce verbe… Ces insultes ! On aime Lounis quand, tard le soir, il nous rappelle que le soleil se lève le matin. Que d’embrassades et tout un beau monde et même des importants. Dans les couloirs. Dans la langue des gens qui se respectent, on appelle ça “backstage”. Ce n’est pas grave, parlons kabyle : Aït Menguellet est revenu fort. Un grand album. De grands pas. De larges idées. Aït Menguellet a chanté ce week-end dans la plus grande salle d’Alger, à guichets fermés, devant une foule en délire, renouant superbement avec ses fans et réconciliant Alger avec les belles soirées d’antan.
Meziane Ourad
22 octobre 2010
Non classé