Edition du Lundi 23 Mai 2005
La nouvelle de Adila Katia
Cœurs brisés
RÉSUMÉ : Hamid, pressé par les questions, finit par lui apprendre la nouvelle. Nawel n’en revient pas. Hamid veut les prendre chez eux, pour leur permettre de s’en retourner. Nawel, qui ne garde pas de bons souvenirs d’eux, n’a pas dormi toute la nuit…
Nawel est levée depuis longtemps. Elle n’en pouvait plus de se tourner et de se retourner dans le lit. Elle se fait du café et se sert une grande tasse. Elle en a besoin après la nuit blanche passée.
Toute la nuit, elle a pensé à sa belle-famille. Celle-ci lui en avait fait voir de toutes les couleurs. Comme dans un film, elle revoit les trois dernières années de sa vie. Elle et Hamid se sont connus lors d’une fête. ça été le coup de foudre entre eux. Avant même la fin de la fête, ils s’étaient échangés leurs numéros de téléphone et s’étaient promis de se revoir.
Le lendemain même, puis les jours suivants, ils n’avaient raté aucune occasion pour se revoir.
Originaire d’un village lointain, elle s’était installée chez son oncle paternel, le temps de faire un stage de couture. Les études ne l’intéressaient pas. Elle voulait devenir styliste mais le stage aurait pris encore plusieurs mois. Le temps était contre elle. Hamid avait trouvé du travail et il avait aussi fait l’erreur de parler d’elle, à sa famille.
Le cauchemar commençait alors. Tout comme lui, elle avait cru qu’en mettant sa famille au courant, leur relation ne rencontrerait pas de problèmes. Hamid et elle allaient connaître l’enfer. Leurs familles refusaient d’entendre parler de mariage. Parce que dans le passé, et cela remontait à très loin, leurs arrière-grands-pères s’étaient brouillés pour une histoire d’argent. Les deux familles ne s’étaient jamais réconciliées, même après la mort des vieux. Les occasions n’ont pas manqué mais ils sont trop fiers et rancuniers pour les saisir.
Nawel et Hamid ont cru devenir fous quand leurs familles leur ont interdit de se revoir.
La mère de Hamid s’est servie de relations communes pour faire circuler des rumeurs sur elle.
Elle a passé plusieurs mois à la dénigrer. L’humiliation a été terrible pour elle et sa famille qui refusait plus que jamais leur relation.
Ils n’ont rien contre Hamid puisqu’il tenait à elle et parce qu’il a osé contrarier les siens en leur rendant visite. Malgré tout, il espérait arracher leur consentement à coups de cadeaux et de promesses.
Ils ont fini par être convaincus de son amour et ils n’ont exigé qu’une chose : en échange de leur consentement, qu’ils vivent loin de sa famille. Ils ont cru qu’ils pourront vivre heureux, en évitant tout contact avec eux. Une fois la bénédiction en poche, Hamid était allé en parler à sa famille, espérant qu’elle changera de position en apprenant que le mariage aura lieu, avec ou sans leur bénédiction. Tout ce qu’ils auront dit ou fait pour le ramener à la raison, le poussera à aller de l’avant, sans eux.
Le mariage a eu lieu en présence de la famille de Nawel et de leurs amis. L’absence de la famille de Hamid a suscité bien des interrogations et, pour y couper court à force d’avoir à expliquer aux autres, Nawel et Hamid ne reçoivent personne. Pour avoir la paix…
En s’installant à Maghnia où ils ne connaissent personne, ils l’auront. Pour qu’elle ne s’ennuie pas, il a accepté qu’elle travaille. Elle s’est fait des amies.
Sa nouvelle vie lui plaisait même si elle est gênée lorsqu’elle reçoit sa famille et qu’elle voit Hamid un peu triste. Sa famille lui manque même s’il ne le lui a jamais dit.
Maintenant qu’ils allaient l’avoir sur le dos, Nawel espère qu’il sera assez fort pour ne pas entrer dans leur jeu. Elle sait qu’ils n’ont jamais accepté ce mariage. En vivant avec eux, ils pourront leur mettre la pression et voir leur union volée en éclats. Elle voit déjà leur joie…
Toute à ses pensées, elle n’a pas vu Hamid entrer dans la cuisine et se servir une tasse de café. Ce n’est que lorsqu’il pose la main, sur la sienne qu’elle revient sur terre.
Son sourire serein veut la rassurer. Mais rien ne peut la rassurer…
(À suivre)
A. K.
ADILAKATIA@YAHOO.FR
22 octobre 2010
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