La nouvelle de Adila Katia
Cœurs brisés
RéSUMÉ : Nawel se repose un peu avant d’aller d’une occupation à une autre. Le dîner a eu tout le temps de cramer. Hamid rentre enfin. Il lui apprend avoir dîné dehors. Il hésite à lui dire qu’il se passe des choses, depuis quelques jours. Il sait qu’elle ne va pas sauter de joie.
Qu’est-ce qu’il y a ? Qu’est-ce qui se passe encore ? En te regardant hésiter, j’ai l’impression que tu vas m’annoncer la mort d’un parent, dit Nawel. Alors quand vas-tu te décider à lâcher le morceau ?
Hamid se décide enfin et il lui apprend la nouvelle.
— Ma famille, dit-il. Elle…
— Il lui est arrivé malheur ? l’interroge-t-elle.
— Non, soupire-t-il. Ils sont venus…
— Venus, reprend-elle. Ne me dis pas qu’ils sont dehors !
— Non, non… Je les ai mis à l’hôtel.
— Depuis quand ?
— Dix jours, répond-il. Je n’en peux plus, financièrement, précise-t-il. Je vais devoir les prendre ici…
Nawel lève les mains puis les laisse tomber. Elle est devenue livide et la colère commence à gronder en elle.
— Comment ça ? Les prendre ici ? Jamais !
— Je ne peux pas faire autrement.
— Non, non… Mais pourquoi ont-ils quitté le village ? demande-t-elle. Qu’est-il arrivé pour qu’ils plient bagage ?
— Il y a eu une pluie torrentielle et le village était inondé. Les fondations de la maison n’ont pas tenu, dit Hamid. Ils sont restés chez des cousins puis chez des amis. Mais ils ne pouvaient pas tarder… C’est la raison de leur venue à Maghnia.
— Mais ils savent qu’on n’a qu’un F2, s’écrie-t-elle. Ils ne peuvent pas vivre avec nous. Ils n’ont pas l’intention de vivre définitivement ici, à Maghnia ?
— Je ne sais pas. C’est pour quelque temps, je pense.
— Tu penses ! s’écrie Nawel. Comment peux-tu penser à les amener ici après tout ce qui s’est passé ? l’interroge-t-elle. Pourquoi veux-tu nous mettre dans une situation délicate ? Quand ta mère aura pris goût de vivre ici, elle refusera de partir. Cela va faire des problèmes. Je les sens venir.
— Il n’y en aura pas. Et puis si j’ai accepté de les prendre, c’est pour leur permettre de se retourner, la rassure Hamid. Et puis je te le promets. S’il y a quoi que ce soit, je te promets d’assumer.
C’est moi qui prendrai les initiatives pour les mettre dehors.
— Si tu les amènes ici, tu ne pourras jamais les mettre dehors, le prévient-elle. Je connais ta famille. Elle va mettre la pagaille dans notre vie. Nawel en est sûre et certaine. Ce soir, elle ne parviendra pas à s’endormir.
Oubliées les douleurs, elle ne les sent plus. Elle ne pense plus qu’à sa belle-famille. Elle n’a jamais vécu avec elle. Il y a eu tant d’animosité avant son mariage avec Hamid qu’elle est effrayée rien qu’à l’idée de les revoir. Toute la nuit, elle ne parviendra pas à s’endormir. Mille et un souvenirs lui sont revenus à l’esprit. De mauvais souvenirs et il n’y aurait pu avoir pire torture pour elle que de se dire que tout allait recommencer.
(À suivre)
A. K.
ADILAKATIA@YAHOO.FR
22 octobre 2010
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