Le Carrefour D’algérie
Jeudi 21 Octobre 2010
Locale ou importée?». Il ne s’agit de la limonade mais de la future épouse. L’un des cas de figure les moins certains dans ce genre d’alliance à vie, reste le mariage de l’expatrié (e) du pays. Généralement, une loi d’échange veut que si l’immigré est intéressé par une femme locale, «de chez nous», fille de famille, c’est-à-dire docile, qui n’exige pas l’Elysée
comme bijoux de main, qui ne sait pas ce que veut dire «sortir la nuit», aller au restaurant, être tentée par les grandes vitrines et qui n’est pas adepte de l’égalité des droits et devoirs entre les deux sexes. C’est-à-dire une femme sur mode «vibreur» et qui sera heureuse de quitter son douar et d’avoir «ses papiers» et de revenir *chaque été encore plus jeune qu’à l’âge de son départ. C’est un mythe qui a son cours mais qui se conclut parfois par des drames: nos filles ne sont pas nos mères en effet. Et arrivée là-bas, la jeune épouse découvre vite qu’elle est un être vivant à part entière et pas un lave-vaisselle. Dans un pays de droits, elle se découvre sa force, se teint les cheveux, enlève la djellaba et se laisse pousser des moustaches dans le cerveau face au pauvre immigré qui croyait avoir «importé» une herbivore. Beaucoup de mariages de la sorte finissent mal et dans le vacarme des scandales. A l’inverse, l’un des mythes de la harga légale et de séduire une jeune immigrée venue passer chez ses vacances, se présenter à elle comme un fier homme viril qui ressemble à son père et pas aux jeunes chômeurs des cités de Paris, lui faire passer des vacances de rêve et demander sa main à son Père. Lequel père peut être tenté par un weld El Blad, un gendre à principe et pas un bras cassé des HLM de France. La aussi le malentendu peut être terrible. Arrivé là-bas, le bonhomme d’ici découvre que son épouse n’est pas aussi obéissante que les femmes du Douar, qu’elle a un mode de vie et de consommations qui semble être une atteinte à son droit de mâle dominant. La jeune épouse, habituée à l’égalité des droits, découvre aussi que son nouvel époux importé est un conservateur du moyen âge, qu’il n’accepte pas la bise sur les joues de ses copains et collègues, ni sa jupe, ni son boléro et que cela va se terminer par un scandale dans le palier de l’immeuble. On a donc beaucoup analysé l’échec des mariages mixtes entre algériens et occidentales mais on a encore peu dit sur le drame de l’autre mariage mixte: celui des algériens appartenant à deux pays différents. Comme l’a dit un ancien immigré illettré à sa fille qui voulait aller à l’université: «je ne dirais que trois mots: Att-Ten-tion».
21 octobre 2010
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