6.La nouvelle de Adila Katia Cœurs brisés

Edition du Mercredi 01 Juin 2005

La nouvelle de Adila Katia

Cœurs brisés

 

RESUMÉ : Nawel a l’occasion de discuter avec Taklit, la grand-mère de Hamid.  Celle-ci lui conseille d’être patiente. Nawel  se sent mieux. Elle prépare le dîner pour toute la famille. Sa belle-mère gâche ce moment  de répit en raccrochant à sa mère…

Nawel ne tarde pas avec sa mère. Elle ne répond pas à ses questions, prétextant avoir à faire. Elle s’était demandée que lui dire quand elle a voulu savoir qui lui a répondu en premier. Lui apprendre que sa belle-famille vit chez elle allait provoquer des insomnies et des questions auxquelles elle ne pourra pas répondre tout de suite. Parce que la présence de sa belle-famille la gêne et aussi parce qu’elle ignore de quoi sera fait demain. Elle ne veut pas l’inquiéter. Elle lui a promis de l’appeler plus tard.
Hamid ne tarde pas à rentrer. Il sourit en la trouvant assise près de sa grand-mère. Nawel lui souhaite la bienvenue et le débarrasse de sa veste. Comme d’habitude, ils se font la bise. Ce geste affectueux déplaît à Farida dont la mine se renfrogne subitement. Nawel feint de n’avoir rien vu.
- Je t’apporte du café ?
- Non, juste un verre d’eau.
Elle va poser la veste dans leur chambre puis se rend à la cuisine. Sa belle-mère s’y trouve aussi. Elle vient prendre un verre d’eau pour Hamid. Nawel la laisse faire et retourne au salon.
Pendant l’heure qui suit, une autre ambiance règne à la maison. Nawel espère que les choses iront mieux avec le temps. Elle sait qu’elle et sa belle-mère ne seront jamais amies mais, avec le reste de la famille, elle pense que cela pourrait arriver. Actuellement, sa belle-mère la contrôle mais, dans un proche avenir, elle ne le pourra plus.
Son beau-père Boualem est rentré et n’a fait aucune remarque à propos de ce qui s’était passé le matin. Nawel, soulagée, prépare la table. Les hommes dîneront en premier. Elle s’apprête à les servir quand sa belle-mère prend la cocotte. Nawel la regarde servir puis sort de la cuisine. Elle se rend à sa chambre et elle s’est à peine étendue que Hamid l’y rejoint. Son visage a pris la couleur brique.
- Qu’y a–t-il ? demande-t-elle.
- Comment as-tu pu faire ça ?
- Quoi ? l’interroge-t-elle en se redressant. Qu’ai-je fait ?
- Le dîner est immangeable, réplique-t-il. Tu y es allée très fort avec le sel.
- Ce n’est pas possible, rétorque-t-elle en quittant le lit. J’ai préparé le dîner avec soin. C’est impossible qu’il soit raté.
- Eh bien, il l’est !
Nawel se rappelle que sa belle-mère est allée à la cuisine alors qu’elle était au salon. Elle a certainement profité de cet instant pour rajouter du sel. Elle lui a gâché ce dîner. La jeune femme regrette de ne pas avoir été plus alerte. Elle ne devrait pas être surprise. Elle ne devrait pas se fâcher. Elle aurait dû savoir. Elle pense aller lui faire un scandale mais ce serait tomber dans son piège.
- Je n’y suis pour rien, dit-elle à son mari.
- Qu’est-ce que tu insinues ?
Nawel ne répond pas. Hamid est furieux et si elle dit quoi que ce soit sur sa mère, il allait éclater. Il ne la croira pas. Jamais une mère laisserait sa famille sans dîner uniquement pour porter préjudice à sa belle-fille.
Malgré tout ce qu’il sait sur la dureté de sa mère, il ne se fiera pas à sa parole mais à celle de sa mère. Par respect ou autre sentiment, il ne s’en prendra pas à elle. Sa colère allait s’abattre sur elle telle la foudre. Et elle préfère l’éviter.
- Rien, soupire-t-elle. La prochaine fois, je ferai attention.
- À quoi ? lui demande Hamid.
- A ne pas mettre trop de sel, dit-elle. Je te promets de ne plus recommencer ce genre d’erreur.
Quand elle se rend à la cuisine, elle surprend le sourire satisfait de sa belle-mère. Elle ne s’était pas trompée. Elle est l’auteur de ce coup bas.
(À suivre)

A. K.
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