Edition du Mardi 26 Juillet 2005
La nouvelle de Adila Katia
“Entre la haine et l’amour”
Écoutez, Anissa, je veux seulement vous parler. Vous me plaisez beaucoup. Le regard que lui lance la jeune fille, par-dessus l’épaule, est plein de lueurs meurtrières. Elle ne lui répond pas et continue à habiller le mannequin qu’elle devait poser sur la devanture. Elle était arrivée en retard et si sa patronne la surprenait, elle risquait de perdre sa place.
- S’il vous plaît, accordez-moi juste une minute, la prie le jeune homme. Cela fait un moment que je vous regarde. Elle le sait très bien. Elle l’a remarqué et elle s’en serait bien passé. Au début, elle l’avait juste remarqué sur le trottoir d’en face et n’y avait pas prêté attention. Mais maintenant, elle est en colère. Comment pouvait-il oser lui parler ainsi ? Pour qui se prenait-il ? Même si elle n’a rien fait pour l’encourager, il reste là, à la regarder, à lui parler comme si elle est en train de lui sourire, l’invitant à s’attarder.
- Je suis sérieux Anissa. Vous me plaisez et je tiens à faire votre connaissance.
- Partez tout de suite ! dit-elle entre ses dents, sans se retourner. Sinon, je ne réponds pas de mes actes.
- Je m’appelle Aziz, se présente-t-il sans y être invité. Je suis ingénieur et surtout, je suis libre. Enfin, jusqu’à tout à l’heure. Maintenant, je me sens votre prisonnier.
- Vous ne savez pas ce qu’est d’être prisonnier sinon vous y réfléchirez à deux fois avant d’employer ce mot.
- Pourtant, j’y ai bien réfléchi. Je suis votre prisonnier, insiste le jeune homme avec sérieux. Vous pouvez faire de moi ce que vous voulez. Sorreya, puisque c’est d’elle qu’il s’agit, se tourne brusquement et le gifle. Elle ne veut pas de lui ni de n’importe qui d’autre. Aziz est choqué par sa réaction. Se tenant la joue de la main droite, il la regarde sans comprendre.
Toute jeune fille aurait été heureuse qu’il la courtise. Jamais une fille n’a réagi de la sorte, quelle que soit la manière dont il l’aborde. Premièrement, parce qu’il est beau garçon, deuxièmement parce qu’il n’a pas le fond mauvais. Il n’a aucune mauvaise intention envers elle. Dès qu’il l’avait vue quelques minutes auparavant, il n’avait pu s’empêcher de penser qu’ils feraient un beau couple, songeant aussi qu’elle ressemblait beaucoup à la femme de ses rêves. Si Sorreya avait eu les yeux noirs et non bleus, elle l’aurait été. Mais malgré cette différence, il tient vraiment à la connaître. Même si sa réaction le laisse pendant un moment sans voix. Lorsqu’il revient de sa surprise, Sorreya n’est plus devant lui. Il la regarde parler à deux clientes qui viennent d’entrer. Celles-ci demandent à voir le modèle qu’elle a mis sur la devanture. Sorreya ne lui prête aucune attention, comme s’il n’existait plus. Aziz ne supporte pas qu’elle affiche autant d’indifférence à son égard. Il ne le mérite pas. Et pour bien lui faire sentir sa présence, il décide de ne pas partir. Une idée lui traverse l’esprit. Il a un sourire en songeant à la réaction qu’elle aura. Il décide d’attendre qu’elle en ait terminé avec ces deux clientes pour lui rappeler qu’il est encore là…
(À suivre)
A. K.
adilakatia@yahoo.fr
20 octobre 2010
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