Alger restera la capitale de l’Algérie. Certains applaudiront à l’annonce du renoncement officiel à la vieille idée de déplacer la capitale du pays un peu plus à l’intérieur des terres. Il y a tellement de raisons aussi bien économiques que de sécurité nationale qui militent pour un tel changement qu’il est inutile de toutes les énumérer. Même les Algérois «rodés» constatent – avec les visiteurs – qu’Alger est désormais une ville impossible.
Et cela ne tient pas seulement aux gros chantiers comme le métro ou le tramway. Constatons au passage que ceux qui sont en charge de ces projets ne se sont pas vraiment cassé la tête pour réduire l’impact des chantiers sur la vie de l’habitant. Beaucoup d’experts urbanistes et beaucoup d’Algérois parient que la fin des travaux et la mise en marche du tramway ou du métro ne sont pas de nature à rendre Alger une ville plus vivable et fonctionnelle.
Dans ces conditions, l’affirmation « Alger demeurera la capitale» résonne comme l’expression la plus parfaite du conservatisme national. On préfère essayer de faire des raccordements, on bricole, mais on ne veut pas trop changer. Alors que le discours est officiellement vers l’incitation à l’investissement à l’intérieur du pays qui a tendance à se dépeupler, on continue de tergiverser sur les vraies mesures qui le rendraient effectif.
Il est certes facile de faire valoir qu’une nouvelle capitale serait onéreuse et coûteuse. Mais cela n’est vrai que si on la conçoit comme un projet livrable clés en main dans un court délai. Cette approche est erronée. Il s’agit surtout de décider, de planifier et de dessiner, sur 25 ans par exemple, la future capitale. Une telle démarche ne se conçoit pas comme une autoroute ou un tramway livrable en cinq ans. Elle impose une stratégie et un cap que les politiques publiques se chargeront de mettre en œuvre avec constance et détermination. Cela met surtout au défi notre capacité à rassembler l’expertise nationale qui s’est disséminée un peu partout pour concevoir, sur une longue période, la mise en place de cette nouvelle capitale, d’imaginer un calendrier du déplacement des activités politico-administratives
C’est en effet un vrai défi que de bien concevoir un projet sur 20 ou 30 ans et de le mettre en œuvre de manière excellente. Une telle entreprise, qui doit impliquer experts universitaires, sociologues et entreprises publiques et privées, serait une excellente opportunité pour se projeter enfin de manière moderne dans l’avenir. Les conservateurs, ceux qui ne veulent pas être gênés dans leurs habitudes et leur confort, trouveront toujours de bonnes «raisons» politiques ou économiques pour refuser le changement. Cela vaut aussi bien pour le déplacement de la capitale que pour de nombreuses autres questions qui engagent l’avenir du pays.
Dans le cas de la capitale, on est face à un vrai symbole. Une ville qui explose démographiquement et qui continue d’enfler, faute de projets structurants qui fixent les populations de l’intérieur et qui inciteraient une partie de ceux d’Alger «à bouger».
On risque d’arriver, un jour, à la situation tragique où des pouvoirs en place critiqueront ceux qui les ont précédés et diront qu’ils sont contraints, par la nécessité, d’organiser des déplacements autoritaires de la population d’un Alger devenu surréaliste.
18 octobre 2010
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