Créée par un cerveau trop- évolué pour appartenir à la race des bipèdes, la néo-théorie des 3 K fut une découverte si géniale pour l’avenir des hommes nés assis qu’elle bouleversa profondément le destin de l’humanité sur terre. Jamais enseignée dans aucune université du monde, la néo-théorie des 3 K est à décoder avec des lunettes à trois dimensions. Elle se décrypte de droite à gauche, de haut vers le bas ou même de derrière vers le devant. Et comme son nom l’indique, la néo-théorie est composée de 3 lettres juxtaposées, la première faisant une mauvaise greffe avec la deuxième et le troisième K servant de tapis géant sous lequel toute la poussière du monde est cachée.
1er K: le premier K est un homme pour lequel l’escabeau n’a aucune raison d’exister face à l’omnipotence de l’échelle, faite pour enjamber les marches pour atterrir plus haut sur les cieux ennuagés. Formé à l’école du docteur «Bouffbouffe», le premier K est capable de se cacher derrière son propre dos, manger dans la main d’un fauve famélique, chasser avec un loup en lui plantant un croc acéré dans le dos, nager avec un squale en le noyant sous sa propre gueule béante, jouer avec le singe en lui volant ses petits numéros grimacés ou rentrer dans un cirque juste pour embrasser un tigre sur la bouche.
Le premier K est un homme à l’identité plurielle. Il peut être à la fois charcutier qui mange ses propres couteaux, un plombier qui sait colmater toutes les fuites, un maçon qui construit des villas cossues suspendues entre le troisième et le septième ciel, un sondeur des âmes tourmentées qui sait polir les aspérités aussi vite qu’un rabot. Le premier K est un ubiquiste si unique qu’il peut être visible à l’œil nu à la fois sur la Lune et sur Jupiter en même temps.
2ème K: Le deuxième K est un bipède mi-humain, mi-kangourou. Son signe particulier est sa poche aussi large que le Mur de Berlin et une panse aux parois bétonnées. Obnubilée par sa poche géante, le deuxième K se sent capable d’y cacher tout le pays, en le mangeant d’abord par la tête, puis les boyaux, avant de déguster les doigts des mains et digérer le reste avec des mâchoires en fer forgé. Le deuxième K est un homme aux mensurations imprécises: grand par la tête, gros par le cou, il est trop petit par la taille, courbé par le dos, crochu par le pif, trop court par les pieds et trop large par la panse. Il est si peu «terrestre» qu’il est le premier humanoïde à avoir mangé du pain blanc dans la main creuse d’un râteleur ruiné.
3ème K: le troisième K est un agent trait d’union entre le premier et le deuxième K. Il est le seul à parler et comprendre leur langue venue d’ailleurs. Il est aussi le premier à avoir récité l’alphabet à l’envers, prié à contre-Coran, appris à parler le verlan, à tendre la langue à la place de la main, à faire prendre des loups déguisés pour des brebis égarées, à creuser une tombe avec les doigts onglés de sa proie désignée.
Son rôle est surtout d’assurer une large propagation de la néo-théorie des 3 K et d’en faire un précieux enseignement pour ceux qui veulent apprendre à «voler» très haut sans finir comme l’infortuné Icare
18 octobre 2010
Contributions