Edition du Dimanche 10 Juillet 2005
RÉSUMÉ : Taklit a remarqué le silence à la salle de bains alors que Nawel s’y trouve. Elle tambourine à la porte au point de réveiller le reste de la famille. Ils enfoncent la porte et découvrent Nawel, à moitié morte. Elle a tenté de se suicider. Emmenée de toute urgence à l’hôpital, il n’est pas sûr qu’elle s’en sorte. Deux policiers viennent interroger Taklit…
Vous savez ce que peut être une vie avec une belle-famille insupportable, commence Taklit. Son mariage avec mon petit-fils n’avait pas été accepté. Ma fille lui mène la vie dure, comme toutes les belles-mères quand elles ne peuvent pas sentir leurs belles-filles. Vous voyez un peu dans quelle condition elle vivait ?
- Oui, mais son mari, où peut-on le joindre ?
- Lui et sa mère, qui est ma fille, ont emmené le bébé pour qu’il soit vacciné, leur apprend-elle. Normalement, ils devraient être rentrés.
- On va repasser. Avec un peu de chance, elle s’en sortira, souhaite le jeune policier. À plus tard.
Les policiers sont partis depuis près d’une heure, quand Hamid arrive, essoufflé et mort d’inquiétude. Il se fige en voyant Nawel, inconsciente.
- Comme tu le vois, il s’en est fallu de peu pour qu’elle y passe, dit sa grand-mère. Toi et ta mère, je ne vous pardonnerai jamais ce que vous avez fait ! Ce matin, vous avez dépassé les limites.
Tu es un jouet entre les mains de ta mère. Elle te manipule depuis le début et tu ne t’en rends pas compte ! Ton inconscience a poussé ta femme à se suicider. Ce n’est pas juste ce qui est arrivé.
- Si j’avais su, je… je regrette, j’ignorais qu’elle… qu’elle…
Taklit voit bien qu’il a des remords et ces larmes qui coulent sur ses joues lui prouvent sa sincérité.
- Qu’est-ce qui t’est arrivé ? lui demande-t-elle. Ce bébé aurait dû consolider votre foyer. Depuis son retour, tu l’évites comme la peste. Tu as été injustement méchant et méprisant avec elle, lui rappelle-t-elle. Pourquoi ?
- Pour que maman nous fiche la paix, répond-il. Comme ça, elle était à l’abri des coups de maman.
- Au lieu de te battre pour l’union de ta famille et de son bonheur, rétorque sa grand-mère, tu les as mis en retrait ! Ce n’est pas digne d’un bon mari et d’un bon père. Ce que tu as fait ce matin, si ta femme est sauvée, elle ne l’oubliera jamais.
- Je te jure de changer, je les aime ! s’écrie-t-il. Je ne voulais pas la pousser à bout.
- Tu as tout fait pour qu’elle souffre, insiste sa grand-mère. Pourvu qu’elle n’en meure pas…
Tous deux le souhaitent, mais il leur est difficile de garder espoir. Le temps leur a paru une éternité. Les heures se sont écoulées une à une, sans que Nawel soit revenue à elle. La nuit va bientôt tomber et Taklit est épuisée. Hamid lui propose de rentrer.
- Je vais rester à son chevet, lui dit-il. Rentre et garde un œil sur Boualem. Je ne veux pas laisser Nawel.
- Je te comprends. As-tu quelques pièces pour régler le taxi ?
Hamid sort un billet de sa poche et le lui remet. Il ne l’accompagne pas dehors. Taklit part non sans avoir murmuré quelques mots à Nawel, tout en lui serrant la main pour qu’elle sente sa présence. Hamid devra attendre encore quelques heures avant de voir Nawel sortir de son coma. Il est si heureux que c’est naturellement qu’il prend sa main.
- Dieu merci, te revoilà parmi nous ! murmure-t-il. Nawel ma chérie, c’est horrible ce que tu as tenté de faire. Pourquoi ?
Nawel détourne le visage et ferme les yeux pour ne pas le voir. Il est la dernière personne qu’elle voudrait avoir près d’elle. Des larmes lui brûlent les yeux. Après tout ce qu’elle a subi par sa faute, il ose lui dire “ma chérie”, pour tenter de se racheter. Trois mois ont passé depuis son retour et elle en a vu de toutes les couleurs. Il aurait pu se rappeler son amour avant qu’elle ne pense à mettre fin à ses souffrances.
(À suivre)
A. K.
adilakatia@yahoo.fr
18 octobre 2010
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