Edition du Jeudi 07 Juillet 2005
La nouvelle de Adila Katia
Cœurs brisés
RÉSUMÉ : Hamid s’est rapproché de sa famille et est en commun accord avec sa mère. Celle ci se plaît à garder le bébé, dans le but de la contrarier. Le bébé pleure souvent sans raison. Nawel voudrait en parler à Hamid mais il ne dort plus dans la chambre. Il est devenu un étranger avec qui il est difficile de parler…
Nawel a décidé de parler à Hamid quand ils emmèneront leur fils pour le vaccin. Elle attend patiemment quelques jours. La date du vaccin étant connue, elle se prépare et habille le bébé d’une jolie tenue pour sa première sortie. Hamid est dans la cuisine quand elle sort de la chambre avec le bébé dans les bras. Elle espérait le trouver seul mais sa belle-mère, pareille à un pot de col, ne le quitte pas. Elle remarque sans joie qu’elle est aussi prête, à sortir.
- Nous sommes prêts dit-elle à Hamid. On part maintenant où on a encore quelques minutes ?
- Partir où ? demande-t-il sans lever la tête du journal qu’il lisait.
- Boualem doit faire son vaccin, lui rappelle-t-elle.
- Oui, mais toi, tu n’as rien à faire dehors, répond Hamid. Maman va emmener Boualem, au centre de santé. Tu peux aller te changer, tu ne viens pas.
- Je dois appeler maman et mon travail. Tu sembles l’oublier, dit Nawel, mais je dois bientôt reprendre.
- Ah oui ? Et qui gardera le petit ? l’interroge-t-il. Tu ne crois tout de même pas que ma mère et mes sœurs seront à ton service pendant que tu travailleras. C’est à toi de t’occuper de lui.
- Ta mère adore le faire même quand je suis inactive, je suis sûre qu’elle aura du plaisir à le garder, insiste la jeune femme. Elle adore Boualem, qu’est-ce qu’elle ne fera pas pour son bonheur.
- Oui et c’est pour son bonheur que je refuse de le garder, rétorque Farida. Même si cela va contre ta volonté.
Nawel n’est pas prête à renoncer à son travail. Elle émet l’idée de chercher une nourrice pour son fils.
- Je trouverais bien quelqu’un dans le quartier…
- Et moi, je refuse que tu travailles, répond Hamid. Tu veux t’acheter une machine à coudre et travailler à la maison, rien ni personne ne t’en empêche ! Mais que tu laisses notre fils pour travailler dehors, je refuse !
- On a besoin de ce deuxième salaire, crie-t-elle, alors que son bébé s’est mis à pleurer. Pour lui, pour la famille, tu sais bien que tu ne t’en sortiras pas financièrement sans mon aide.
- A partir d’aujourd’hui, on s’en passera. Donne le bébé à maman, c’est elle qui l’emmènera à son vaccin.
- Je dois appeler maman, dit Nawel.
- Un autre jour, décide Hamid en se levant brusquement pour lui prendre le bébé des bras. Tu ne sortiras pas aujourd’hui.
Farida a une lueur de triomphe dans les yeux quand il lui remet le bébé. Le sourire aux lèvres, elle le suit dehors.
Nawel n’a pas bougé. Elle est sous le choc. Sa vie vient de prendre un tournant auquel elle ne s’était pas préparée. Elle a espéré un petit rapprochement, ce matin et ce n’est pas ce qui est arrivé. Désormais, elle sait à quoi s’en tenir. Elle ne doit s’attendre à rien de bon. Alors qu’ils viennent de sortir, elle ne retourne pas à sa chambre. Elle va à la salle de bains. Elle n’a aucune envie de se rincer le visage. Quand elle se voit avec ses larmes, elle ne supporte pas son image. Elle n’a plus qu’une envie, en finir.
Elle prend une lame de rasoir et se tâte le poignet gauche. Elle décide d’en finir avec ses misères…
(À suivre)
A. K.
adilakatia@yahoo.fr
18 octobre 2010
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