Edition du Lundi 22 Août 2005
Culture
Chaïb Lakhdim revient cette semaine
Il y a dix ans disparaissait Sirat Boumediene
Par :Wahiba Labrèche
Il y a dix ans, jour pour jour, le 20 août 1995, les planches du Théâtre régional d’Oran étaient en deuil. Et pour cause : la scène théâtrale et cinématographique venait de perdre un de ses plus brillants enfants.
Sirat Boumediene, puisque c’est de lui qu’il s’agit, terrassé par la maladie, et “Didène” pour les intimes, avait écrit, aux côtés du dramaturge Abdelkader Alloula, auquel il était intimement lié, une des plus belles pages de l’histoire du théâtre algérien. En témoigne El Adjouad (les généreux), qui lui a valu le prix de la meilleure interprétation masculine des 2es Journées théâtrales de Carthage (novembre 1985).
Évoquer Sirat Boumediene au passé, c’est incontestablement parler de cet humoriste né, un comédien époustouflant qui fait hurler de rire le public. Un comédien à la grandeur du théâtre universel et que le public ne se laçait de découvrir et de redécouvrir à chaque représentation.
Né en 1947, à Oran, Sirat Boumediene était d’abord pianiste à la Maison de jeunes d’Oran, juste après l’Indépendance. Il fera partie d’une troupe de théâtre amateur locale, AEC, qui participera avec Amarnas, une pièce de Mohamed Chouikh, au premier Festival de théâtre amateur de Mostaganem. La pièce remporte le 2e prix et Sirat décroche le prix de la meilleure interprétation masculine.
Ould Abderrahmane Kaki le découvre et le distribue dans ses œuvres phares, 132 Ans et Afrique avant. Après avoir exercé en tant qu’agent dactylographe, à partir de 1968, Abdelkader Alloula lui offrira la chance de monter de nouveau sur les planches. On le verra dans ses pièces majeures, comme El Alleg (les sangsues), El Khobza (le pain), El Adjouad (les généreux), Litham (le voile), ainsi que dans d’autres productions théâtrales, cinématographiques et télévisuelles.
La carrière du comédien sera particulièrement marquée par son rôle dans Djelloul L’fhaïmi (Djelloul l’intelligent), cet époustouflant agent d’hôpital qui ne cesse de courir pour exorciser ses craintes et dénoncer tous les abus. Sirat Boumediene a su également attirer la sympathie du public avec la série télévisée Chaïb Lakhdim, un reflet sans complaisance de la société avec toutes ses tares, ses contradictions et ses situations invraisemblables. Le personnage atypique, qui reproduisait des situations anormales et incohérentes, a très vite capté l’attention du téléspectateur qui découvrait un nouveau discours sur l’unique. Humble et généreux, Sirat Boumediene restera à jamais ce comédien modeste qui a tout donné à son art et à son public.
Dix années après sa disparition, Oran se rappelle toujours de cet enfant terrible, qui, en arpentant à chaque fois ses ruelles en perpétuelle effervescence, semait le sourire et la gaieté sur son passage.
Dans le cadre de la commémoration de ce 10e anniversaire, l’association culturelle El-Amel (ACA-TTO) a rendu, samedi dernier, un vibrant hommage à cet artiste, connu pour sa simplicité, son dévouement pour l’art scénique et ses qualités humaines intrinsèques.
Une lecture biographique et de coupures d’articles consacrés au défunt, ainsi qu’un montage théâtral et un message de reconnaissance à titre posthume “Sirat dans l’oubli” ont été présentés.
W. L.
17 octobre 2010
EPHEMERIDES