Edition du Mercredi 24 Août 2005
La nouvelle de Adila Katia
Les retrouvailles
RÉSUMÉ : Après avoir réglé la dette et vendu toutes ses poules, il ne leur est rien resté. Nadia est contrainte de plier bagage. Elle et ses enfants se rendent en ville chez son frère Mohand. Ce dernier accepte de les héberger. Nadia sait que sa belle-sœur ne sautera pas de joie.
Nadia n’est pas la seule à qui Mohand a trouvé une occupation. Même les garçons ont quelque chose à faire au garage. Consciencieux de la chance qu’ils ont à ne pas être dans la rue et dans la misère, ils s’acquittent des tâches avec joie. Mohand a trouvé un travail bien payé pour Nadia. Elle doit garder les enfants des couples de travailleurs.
Ce n’est pas un travail de tout repos mais cela la change du jardinage et de l’élevage des poules. Et de la misère…
Comme ses enfants se tiennent tranquilles et vu qu’ils sont seuls, ils ne peuvent pas se bagarrer avec leurs cousins. Nadia ne se fait pas d’illusion. Elle sait que sa belle-sœur n’allait pas apprécier leur présence chez elle. Elle usera de n’importe quel prétexte pour créer des problèmes. Lorsque Hamida rentre de vacances en compagnie de ses enfants, Nadia n’est pas là.
Elle est encore dans l’appartement qui sert de crèche depuis quelques jours. Elle attend que tous les parents soient passés. Certains tardent à récupérer leurs enfants et vont faire des courses avant de rentrer. Nadia est si gentille qu’elle ne peut leur refuser de les garder une demi-heure de plus et parfois plus longtemps. Ce jour-là, il est près de dix-neuf heures quand elle peut enfin rentrer chez elle. Le studio où elle vit se situe au dernier étage de la villa de son frère. L’entrée est indépendante. Elle est surprise de trouver sa belle-sœur en train de l’attendre.
-Bonsoir, lui dit Nadia. Comment vas-tu?
- Bien, répond Hamida. Je peux savoir ce qui t’a retenue jusqu’à maintenant ?
- Mon travail. Des parents ne sont pas venus récupérer tout de suite leurs enfants. Je ne pouvais pas les mettre à la porte, dit Nadia, sous prétexte que c’était l’heure de fermer la crèche.
- Il ne faudra pas que cela devienne une habitude, l’avertie Hamida. Et puis, j’espère que tu ne penses pas passer ta vie ici. Nadia ne répond pas. Elle passe devant sa belle-sœur. Elle ne lui montre pas sa peine. Elle savait depuis le début qu’elle n’allait pas accepter sa présence et celle de ses enfants. Elle décide de ne rien lui dire de ce qu’elle pense.
- Tu t’es bien installée, remarque Hamida en entrant derrière elle. C’est bien rangé et propre. Tu ne cuisines pas ici ? J’ai vu que tu n’as pas fait de gros achats, juste du lait.
- Je n’en ai pas besoin. Mohand insiste pour qu’on mange chez vous, lui apprend Nadia. Il refuse à ce que je dépense mon argent.
- Comme c’est généreux de sa part, ironise Hamida. Mais n’en prend pas l’habitude, la prévient-elle. C’est pour te dépanner quelques temps. Après, vous partirez.
- Bien sûr, répond la jeune femme pour avoir la paix. Au fait, comment vont tes enfants ?
- Merveilleusement bien. Ils sont dehors, ils jouent avec les tiens.
Nadia entend des cris et va voir depuis la terrasse ce qui se passe dehors. Ses enfants et ses neveux ne jouent pas. Ils se bagarrent. Nadia interpelle ses enfants et ils ne répondent plus aux coups. Hamida ne crie pas après ses enfants. Elle a un sourire qui en dit long, à Nadia.
(À suivre)
A. K.
Adilakatia@yahoo.fr
17 octobre 2010
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