Edition du Mardi 23 Août 2005
La nouvelle de Adila Katia
Les retrouvailles
RÉSUMÉ : Furieux, et sous le coup de la colère, Rahim tue l’épicier. Il s’enfuie et ne reviendra plus. La police le cherche. Livrés à eux-mêmes, après quelques semaines, à se débattre dans la misère, Nadia décide de partir. Tout comme ses enfants, elle a de la peine. Ils partent pour ne plus revenir…
En retour, Nadia recommande à ses enfants de se tenir tranquilles chez son frère.
- Si vous devenez insupportables, il ne se gênera pas pour nous mettre à la porte, les prévient-elle. Vous obéissez au doigt et à l’œil. Avez-vous bien compris ou dois-je me répéter pour que cela vous entre en tête ?
Son frère Mohand habite en ville. Il y est installé depuis des années. Il travaille à son compte. Au début, il gérait le garage d’un ami avant de le racheter et de se lancer dans d’autres affaires. Elles ont été fructueuses au point où, aujourd’hui, il peut se dire riche étant à la tête de plusieurs commerces.
Il a construit un bâtiment de quatre étages et deux villas où logent les familles de ses employés les plus fidèles. Sa femme Hamida et ses enfants mènent un train de vie que Nadia n’a vu que dans les films. Durant les vacances, elle et ses enfants vont à l’étranger.
Quand Nadia sonne au portail de l’entrée, c’est leur gouvernante qui décroche l’interphone.
- Oui ? Qui est là ?
- C’est Nadia, la sœur de monsieur Mohand, répond la jeune femme.
- J’arrive…
Elle ne tarde pas à venir leur ouvrir. Elle est surprise en voyant ses affaires et ses enfants. Elle les guide jusqu’au salon. Les enfants sont impressionnés et n’osent pas s’asseoir sur les fauteuils en cuir. Ils restent debout même lorsque leur mère leur dit de s’asseoir.
La gouvernante qu’on nommera pour l’histoire Fetouma les a soulagés de leurs affaires. Lorsqu’elle revient, elle leur a apporté des verres de jus frais. Nadia en profite pour demander des nouvelles de la famille.
- Ma belle-sœur et mes neveux ne sont pas là ?
- Oui, ils sont en voyage en Tunisie, lui apprend-elle.
- Mon frère aussi ? veut savoir Nadia.
- Vous connaissez votre frère, il ne se repose jamais, répond la gouvernante. Il est sorti faire la tournée des boutiques et des garages. Normalement, il sera là pour le déjeuner, à treize heures.
- Pouvez-vous le prévenir de notre présence ici ? Je voudrais savoir si on ne le gênera pas, dit Nadia qui espère qu’il leur proposera de vivre ici. Appelez-le maintenant s’il vous plaît Si on doit repartir, je ne veux pas que ce soit en fin de journée.
La gouvernante prend le téléphone et réussit à le joindre. Mohand promet de rentrer tout de suite.
Il tient sa promesse. Moins d’une demi-heure après, il était là. Il est surpris et heureux de les voir. Il demande à la gouvernante de prendre les enfants à la cuisine. Une fois seuls, il peut discuter avec Nadia.
- Où est ton mari ?
- Envolé, répond-elle, avant de lui raconter le drame qu’a connu sa famille. C’est la raison de ma présence ici. Je n’ai où aller et je suis sans un sou. Enfin, je ne veux pas m’imposer, ajoute-t-elle. Si je reste, j’aiderais de mon mieux Fetouma. Mes enfants seront aussi sages que des images, promet-elle. Enfin, si tu acceptes de nous garder.
- Mais bien sûr ! Je ne vais pas vous laisser dans la rue, la rassure-t-il. Je vais te donner un studio où toi et tes enfants vivrez. Si tu veux travailler pour t’occuper, je te trouverais quelque chose.
Nadia y tient de tout cœur. Quand ses enfants apprennent la nouvelle, ils sautent de joie. C’est le début d’une nouvelle vie. Nadia peut enfin se reposer. Seulement, elle sait que ce n’est que pour un temps. Les vacances allaient bientôt finir et elle redoute l’instant où sa belle-sœur franchira la porte d’entrée. Elle n’allait pas apprécier ce qui s’est passé durant son absence.
(À suivre)
A. K.
Adilakatia@yahoo.fr
17 octobre 2010
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