Edition du Mardi 27 Septembre 2005
La nouvelle de Adila Katia
“Sans l’amour”
RéSUMé : Mourad emmène Léna à l’aéroport. Ils réservent deux places pour le prochain vol. Il a décidé de l’accompagner, il ne veut pas qu’elle parte à l’aventure. Léna souffre plus qu’elle ne le montre…
Léna arrive chez elle en début d’après-midi. Leur vol a eu une heure de retard. Mourad, qui tient à ce qu’elle aille à bout de son projet, l’y a accompagnée. Il reste toutefois en bas du bâtiment. Elle récupère les clefs de la maison chez leur voisine. Celle-ci est surprise par son retour sans ses parents. Elle voudrait en savoir plus mais Léna la met presque à la porte. Elle a un tas de choses à faire. Elle ne veut pas perdre de temps. elle réunit, rapidement, ses affaires dans des sacs et des cartons. Elle se presse de les descendre en bas et Mourad qui a, entre-temps, appelé un taxi, les met dans le coffre. Léna, après avoir fermé, remet la clef à leur voisine.
- Et qu’est-ce que je dirai à tes parents ?
- Que, malgré tout, je les aime.
- Où vas-tu ?
Léna ne peut rien lui dire pour le moment. Elle rejoint Mourad dans le taxi et elle ne peut s’empêcher de regarder en arrière quand il démarre. Des larmes mouillent ses yeux et elle a beau lutter contre son envie de pleurer, c’est plus fort qu’elle. Mourad voudrait la réconforter en passant son bras sur ses épaules.
- Léna, je suis là, se contente-t-il de lui dire. Ne t’en fais pas, tout se passera bien.
- Maman va me manquer. Et puis, c’est arrivé soudain. Il y a quelques jours, à peine, j’étais heureuse. Personne ne cherchait à contrôler ma vie, à choisir à ma place, à décider pour moi.
- Tu as pris ta vie en mains, lui rappelle-t-il. Si quelqu’un doit s’en vouloir, c’est bien ton père. Tu ne dois rien regretter. Tu n’as pas commis un crime en refusant de te fiancer avec quelqu’un que tu n’aimes pas.
- Oui, je le sais, murmure-t-elle. Mais papa ne me pardonnera jamais. Je ne l’ai pas seulement déçu. Son honneur va en prendre un coup et même son mariage avec maman.
- S’ils s’aiment, ils ne se sépareront jamais, la rassure Mourad. Quand un mariage est basé sur l’amour, il résiste aux querelles et aux problèmes de tout genre.
- Je voudrais bien te croire, mais mes parents ont passé le tiers du temps de ces dernières années à se quereller et se bouder, lui confie-t-elle. Papa avait changé depuis qu’il partait au bled. Je comprends maintenant qu’il devait subir une pression de sa famille.
- Tu te sens vraiment forte pour supporter la séparation ?
- Je m’y ferais, répond-elle. C’est encore loin ?
- Non.
Quelques kilomètres plus loin, Mourad demande au chauffeur du taxi de s’arrêter devant un pavillon. Il y a de la lumière qui s’échappe du premier étage. Léna l’a remarqué pendant qu’il règle la course. Il dépose les affaires et les cartons sur le trottoir. Léna prend deux sacs et le suit. Même si de la musique s’échappe de la maison, il sort sa clef et ouvre. Il s’efface pour la laisser entrer.
- Je t’en prie.
Elle sursaute quand une jeune fille de son âge surgit, une cuillère en bois à la main.
- Ah vous voilà enfin ! dit-elle. Sois la bienvenue, ajoute-t-elle à l’intention de Léna. Moi, c’est Lydia, la sœur de ce beau gosse.
- Cesse de papoter et viens nous aider. Il y a encore des affaires dehors.
- Mais bien sûr que je vais vous aider, dit-elle en le suivant dehors. Je suis là, pour ! Vas t’asseoir, je m’occupe de tout.
Léna la trouve d’emblée sympathique. Elle l’entend rire avec son frère. Elle comprend qu’il a demandé à sa sœur de venir pour la mettre à l’aise et la rassurer quant à ses intentions.
(À suivre)
A. K.
16 octobre 2010
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