18. La nouvelle de Adila Katia “Sans l’amour”

Edition du Jeudi 22 Septembre 2005

La nouvelle de Adila Katia

“Sans l’amour”

 

RÉSUMÉ : Léna a remarqué la mine soucieuse de sa mère et elle demande à lui parler. Olivia lui apprend que la famille attend d’elle qu’elle accepte de se marier avec son cousin. Léna la prévient. Elle ne se laissera pas faire…

Léna est si soucieuse qu’elle ne peut rien avaler durant le dîner. Elle ne goûte même pas aux glaces. Toute la famille parle de choses et d’autres. Elle est la seule à garder le silence et tous l’ont remarquée.
Elle se tient en retrait, regardant du coin de l’œil son père et son cousin. Toute la famille reste à veiller dans la cour. Il fait si bon dehors.
Du thé est servi. Léna refuse d’y goûter. Elle se lève et leur souhaite bonne nuit. Son grand-père lui demande de rester un peu. Il veut lui parler.
- De quoi ? lui demande-t-elle en se rasseyant.
- De ton avenir… Approche-toi, la prie-t-il.
- Je suis très bien ici, répond-elle.
- Alors, écoute bien ce que je vais te dire. Tu nous plais beaucoup, commence-t-il. Je suis même fier de t’avoir pour petite fille. Comme tu es en âge de te marier, j’ai pensé que ce serait bien qu’on te marie à ton cousin Omar… C’est quelqu’un de très bien et il pourra t’assurer un avenir stable.
- Je n’ai pas encore fini mes études, dit-elle.
- Tu pourras les finir ici… On a de très bonnes universités, poursuit son grand-père. Et puis, si cela peut te rassurer, il a son propre logement. Il a toutes les commodités. Je suis sûr que tu auras une très belle vie avec lui.
- C’est ton cousin et un garçon de bonne famille, poursuit son père. Tu ne pourrais trouver de meilleur parti. En France, la plupart sont des drogués, des voleurs… Ils n’ont aucun principe, aucune valeur… Quant à leur avenir…
- Sofiane vit en France et il ne fait pas partie de ce lot, lui rappelle Léna.
- Il a été bien éduqué, insiste son père. Je suis fier de vous deux et je le serais encore plus si tu acceptes de te marier avec ton cousin. Tu ferais le bonheur de toute la famille.
Léna a envie de lui répondre qu’ils sont fous d’espérer. Une voix dans son cœur lui recommande de ne pas les contrarier. Elle connaît son père et ses coups de colère. Ce n’est pas le moment de le monter contre elle.
- Ce que je suggère, propose Olivia, puisqu’elle est encore jeune et qu’elle n’a pas fini ses études, c’est de leur laisser le temps de mieux se connaître et de s’apprécier. Je suis sûre qu’avec le temps, ce seront eux qui vont demander à fêter leur union.
- On pourrait les fiancer maintenant et laisser le mariage à plus tard, dit son beau-père. Je veux que tout le monde sache que nos petits-enfants vont se marier un jour.
Léna croise le regard de sa mère. Un regard plein de prières. Elle s’efforce de lui sourire, pour la rassurer. Un sourire pour lui dire “ne t’en fais pas, je garde le silence et mon calme”.
Elle est surprise par les cris de joie que lancent ses tantes et ses cousines. Les hommes de la famille se sont levés et se félicitent. Même elle, a droit à la bise. Elle répond par des petits “merci”.
Cette nuit-là, elle ne trouvera pas le sommeil. Elle n’est là que depuis trois jours et elle se retrouve fiancée à son cousin. La situation lui déplaît au plus haut point. Elle pense à repartir sans ses parents. Elle se lève très tôt et se prépare. Ses affaires réunies dans son sac de voyage, elle s’apprête à partir quand lui vient l’idée de fouiller dans son sac à main. Son cœur manque un battement lorsqu’elle ne trouve pas ses papiers…
(À suivre)

A. K.