Edition du Mardi 20 Septembre 2005
La nouvelle de Adila Katia
“Sans l’amour”
RÉSUMÉ : Léna et sa mère les rejoignent dans la cour. Le grand-père en profite pour présenter Omar et parler de ses qualités humaines. Akli tient à ce qu’il les emmène à la fête. Léna voudrait parler à Omar et elle prétexte vouloir appeler son frère. Akli ne lui donne pas cette occasion…
Il faut près d’un quart d’heure de marche pour se rendre au taxiphone du village. Durant tout ce temps, Léna ne parle pas. Son père lui montre quelques arbres fruitiers appartenant à la famille, une fontaine aussi. Sur le chemin, il y a des boutiques. Il lui désigne celles appartenant à la famille de Omar.
— Et tout, dit-elle, lasse d’entendre parler de lui.
— Comment ça, et tout ?
— Rien…
Elle est soulagée d’arriver, enfin, au taxiphone. Elle ne peut toutefois s’empêcher de lui demander :
— C’est aussi à eux ?
— Non.
Léna entre et elle est bien heureuse que les cabines soient étroites. Il y a de la place pour une seule personne et il n’y a pas de siège. Elle ferme derrière elle et compose rapidement le numéro de son frère. Elle tombe sur son répondeur et lui laisse un message. Ensuite, elle compose celui de Mourad. Il répond dès la première sonnerie.
— Enfin, soupire-t-il. Je commençais à croire que le papier ne t’es pas parvenu.
— Rassuré maintenant ?
— Oui ! Comment vas-tu ? lui demande-t-il. Est-ce que le pays te plaît ?
— Beaucoup. Les gens sont chaleureux et la famille fait tout son possible pour nous mettre à l’aise, répond elle. Ils sont vraiment adorables.
— Heureux que tu te plaises parmi eux. J’ignore si tu vas me croire mais je n’ai pas cessé de penser à toi, lui confie Mourad. Je voudrais te revoir.
— Je ne pense pas que cela soit possible.
— Tu ne sors pas avec tes cousines ?
— Non, on est toujours accompagnés. demain, on se rendra à une fête, lui apprend-elle. Je voudrais bien te dire où mais j’ignore encore la destination.
Mourad insiste pour la voir.
— J’ai des tas de choses à te dire. Il faut qu’on se voit, dit-il. Je n’ai pas cessé de penser à toi. Tu es telle que j’imaginais la femme de mes rêves…
— Ah oui !
Léna évite de lui dire qu’elle, aussi, éprouve quelque chose pour lui. Cet appel en est la preuve. Il doit le savoir.
— J’espère que ton père ne promettra pas ta main à un cousin ou à un garçon du village, cela me tuerait, ajoute-t-il. Rassure-moi, il n’est pas en train de gâcher ma vie ?
Léna rie, trouvant qu’il exagérait en employant de grands mots.
— Léna, tu es bien longue, lui dit son père en tapant du bout du doigt à la porte. Qu’est-ce que vous vous racontez ?
— Je dois raccrocher, murmure-t-elle.
— Ne m’oublie pas. Je serais toujours là pour toi.
Léna raccroche et elle sort de la cabine. C’est son père qui demande à combien revient la communication.
— Cinquante dinars, répond l’employé.
Akli est surpris. Il lui demande de vérifier le compteur.
— Elle a appelé l’étranger pendant un long moment.
— Non…
Léna se sent pâlir. Encore une fois, elle a l’impression d’être prise en faute.
Elle sort du taxiphone, comme si de rien n’était. Elle attend dehors alors qu’elle a envie de prendre ses jambes à son cou…
(À suivre)
A. K.
16 octobre 2010
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