Edition du Mercredi 23 Novembre 2005
Culture
C’est pour évoquer son dernier ouvrage “Conversations à Alger”, que Nassira Belloula a été conviée au désormais traditionnel café littéraire de la Bibliothèque nationale (BN) d’El Hamma. Et c’est à un “lecteur exceptionnel” que le directeur de la BN, Amine Zaoui, a préféré laisser le soin de faire la conversation à l’écrivain et journaliste, Nassira Belloula.
Exceptionnel, car Lounès Kheir est non voyant. Cependant, ce handicap ne l’empêche pas de suivre les activités littéraires et de dévorer, à sa manière, tout ce qui est édité en Algérie.
Mais pour cela, il lui faut trouver un bénévole pour lui faire la lecture, le braille chez nous reste encore à inventer. C’est de cette façon que Lounès “lit”.
Par la voix des autres qui lui fait souvent défaut. Le café littéraire a donc naturellement commencé par un appel, lancé par le directeur de la BN, pour trouver un lecteur qui ferait la lecture à ce non-voyant. Une autre façon de lui faire… la conversation à Alger. Dans cet ouvrage donc, Conversations à Alger, paru aux éditions Chihab, l’auteur au-delà de ce qu’ils ont déjà écrit, a mis à profit les rencontres effectuées à Alger au hasard des cafés littéraires, des salons du livre …, avec des écrivains algériens et étrangers pour en dévoiler les facettes lesquelles, peut-être, peuvent ne pas apparaître à travers leurs ouvrages.
Mais Alger d’abord. “À travers cet ouvrage, j’ai souhaité faire retrouver à Alger la place qui a été la sienne, et qu’elle mérite en sa qualité de capitale culturelle”, a souhaité la journaliste qui assume le choix subjectif des quinze hommes et femmes de lettres à travers lesquels elle a écrit ce livre. “À partir de l’année 2000, il y a eu plusieurs rencontres littéraires ; j’ai donc eu l’occasion de rencontrer beaucoup d’écrivains. Avec certains d’entre eux le plaisir de converser est évidemment plus grand qu’avec d’autres, d’où ce choix subjectif. Comme, par exemple avec René Frégni au parcours si particulier qui, de docker, est devenu écrivain.”
Sur un autre chapitre, celui de l’écriture de l’urgence de ces dernières années, alimentée par l’horreur terroriste islamiste, l’auteur des Conversations algéroises, dit ne pas adhérer à cette nomenclature. “Je ne partage pas du tout ce concept de l’écriture de l’urgence. Car qu’allons-nous écrire maintenant que le terrorisme a cessé ? Devrions-nous pour autant arrêter d’écrire ?” s’est-elle interrogée. Certainement pas, car Nassira Belloula a fini d’écrire Femmes Dites, qui est une galerie de portraits de femmes algériennes à travers les siècles et qui paraîtra incessamment aux éditions Apic. Avant cela, Nassira Belloula a déjà écrit Le massacre des innocents (Fayard 2000), Rebelle en toute demeure (Chihab 2003) et La vengeance de May (Enag, 2003).
Et comme l’on dit chez nous : la rencontre est une bénédiction. Et c’est pour cela qu’elle est allée à la rencontre des femmes, pour d’autres conversations, pour un autre livre.
Samir Ben Malek
15 octobre 2010
LITTERATURE