Edition du Mardi 29 Novembre 2005
La nouvelle de Adila Katia
“L’autre”
RÉSUMÉ : Mouna rentre chez ses parents. Sa mère, à qui elle raconte tout, n’y croit pas. Elle se doute bien qu’il y a un malentendu. Elle n’est pas surprise de voir Samir sonner à sa porte en compagnie de Hassina. Elle demande à Mouna de faire un effort si elle tient encore. lui…
Mouna finit par suivre sa mère au salon. Elle se fige en voyant Samir et Hassina. Les lèvres pincées et le regard mauvais, elle les scrute de la tête aux pieds. Son mari semble soulagé même s’il devine sa colère. Elle est compréhensive.
- Assieds-toi ma fille. Faites-en autant, dit hadja Nouara à l’intention de son gendre et de la jeune fille. Vous prendrez du café ou du thé ? leur propose-t-elle.
- Rien, répond Samir. Reste avec nous. Tu dois être au courant. Il s’est passé quelque chose tout à l’heure.
- C’est entre vous et ma fille, dit la vieille mère. Je sais qu’il y a eu malentendu, mais Mouna n’en est pas convaincue.
Sur ce, elle les laisse. Samir devine qu’elle a préféré les laisser seuls pour qu’il s’adresse à Mouna directement. Il faudra bien qu’il brise la glace. Cela ne peut plus durer. Sa visite surprise pourrait compliquer la situation s’il avait eu des intentions sérieuses avec Hassina.
- Je suis désolé pour tout à l’heure.
- Pour l’avoir invitée en mon absence ? lui demande Mouna. Est-ce la première fois qu’elle vient à la maison ? Tu voulais qu’elle se familiarise avec ta mère et la maison ?
- Hassina est une amie, dit Samir. Je l’ai connue à un moment où j’étais à bout. Maman tenait à la rencontrer, mais je lui avais dit que ce n’est qu’une amie et qu’elle ne devait rien espérer. Maman avait certainement cru pouvoir nous pousser à aller plus loin.
Pour la première fois, Hassina intervient.
- Il ne ment pas. Nous sommes amis, sans plus. Notre relation, dit-elle, est chaleureuse. On est bien ensemble. Je peux tout lui dire et lui se confie à moi. J’ai l’impression de vous connaître tant il m’a parlé de vous. Il vous aime. Il est si malheureux sans vous.
- Au point de trouver une épaule sur laquelle pleurer, glisse Mouna. Il aurait pu revenir. J’avais besoin de lui. J’avais besoin de lui.
- Tu refusais de me voir, même de me parler, se défend Samir. À tes yeux, j’étais coupable. Enfin, d’une certaine manière, tu as raison. Je suis coupable d’avoir voulu que les médecins te sauvent. Tu tenais à cette grossesse et ils ne pouvaient rien faire. Tu étais précieuse à mes yeux. Comment te dire que tu es la seule à compter ? Je peux me passer de mes parents, d’enfants, mais pas de toi !
Hassina se sent de trop. Elle quitte le salon et va dans la cuisine où hadja Nouara est en train de préparer du café.
- Je peux rester ici ? Ils ont besoin d’être seuls. Dites-moi, est-ce que vous nous croyez ?
- Oui, je connais Samir et jamais il ne l’a déçue, répond la vieille femme. Pourquoi l’aurait-il fait maintenant alors qu’il y a quelques jours, ils se sont parlé ? Il y avait tous les signes porteurs d’espoir qu’ils allaient bien reprendre. Enfin, j’espère que ce n’est pas trop tard. Si leur amour est toujours aussi fort, ils sauront dépasser cette nouvelle épreuve.
Hadja Nouara ne se trompe pas. Samir saura convaincre Mouna. Il dissipera le malentendu. Mouna, jalouse de la complicité qu’il a eue avec Hassina, refuse de lier amitié avec elle. Elle ne supporte pas l’idée qu’il ait pu se confier à une autre qu’elle.
Toutefois, elle accepte de retourner chez elle. Sa belle-mère est si déçue qu’elle ne tarde pas. Elle rentre chez elle. Ali est passé la chercher. Il est heureux de revoir Mouna. Elle sait qu’il est sincère.
Quand, quelques mois après, il vient les féliciter après qu’ils aient adopté une petite fille, Mouna sent combien il est heureux pour eux.
La vie a repris son cours normal. Trois années ont passé depuis, et ils sont heureux. Mouna a conscience d’un fait : sans cette autre femme qui était entrée dans la vie de son mari, elle serait encore à se complaire dans son malheur. Depuis, elle s’est ressaisie ; elle ne néglige plus les êtres qui lui sont chers. Et ils le lui rendent bien.
Fin
A. K.
15 octobre 2010
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