Edition du Mercredi 23 Novembre 2005
RÉSUMÉ : Samir rend service à Hassina et lui débrouille du travail. Elle lui est très reconnaissante. Elle s’est attachée à lui et elle ne comprend pas pourquoi sa femme continue à l’exclure de sa vie. Même hadja Nouara trouve que sa fille devrait se comporter autrement avec Samir.
-Ton mari est bel homme et il a une situation enviable, dit hadja Nouara. Les femmes t’envient depuis toujours. Pourquoi leur laisses-tu le champ libre ?
Mouna hausse l’épaule. Sa mère poursuit :
- J’ai de la peine. Ton mariage t’indiffère vraiment ?
- Tu poses toujours les questions auxquelles je n’ai pas de réponse, rétorque Mouna. Ce serait trop te demander de ne pas te mêler des affaires des autres ?
- Des autres ? reprend sa mère. Mais tu es ma fille, et même si cela te déplaît, je dois savoir. Si tu continues ainsi, ton mariage est voué à l’échec.
- S’il tient vraiment à moi, il faudra plus pour qu’il échoue, dit Mouna. Ce qu’il a fait est impardonnable. Si nous n’aurons plus d’enfant, c’est à cause de lui. Bien sûr, lui pourra toujours en avoir ! Quant à moi, je n’ai même pas à espérer.
- Mais il tient à toi ! lui rappelle sa mère. Ton attitude aurait glacé plus d’un. Lui est revenu plusieurs fois, tu refusais de le voir. Tu ne voulais pas lui parler au téléphone. Si sa mère devine ce qu’il est en train de supporter, je suis sûre qu’elle en profitera pour le secouer et lui ouvrir les yeux sur d’autres perspectives. Imagine qu’elle pense à le remarier ! Tu voudrais que cela arrive ?
- Bien sûr que non. J’attends seulement qu’il revienne.
C’est sans compter sur sa belle-mère qui profite de la moindre de ses visites pour lui parler de sa situation. Elle lui apporte des petits plats, refusant qu’il se nourrisse dehors. Un jour, quand il rentre, elle hume un parfum étranger. Ce n’est pas la première fois. Et comme elle n’est pas née de la dernière pluie, elle se doute de la présence d’une femme dans la vie de son fils.
- Tu es devenu un cachottier, lui dit-elle. Qui est-ce ?
Samir fronce les sourcils.
- De qui parles-tu ?
- De celle que tu vois souvent, répond-elle. Tu sembles l’apprécier puisque vous vous voyez toujours. Qui est-ce ? Travaille-t-elle avec toi ? Est-ce sérieux entre vous ?
- Maman, s’écrie Samir. Tu as eu des visions ?
- Non, mais ce parfum en dit beaucoup plus que tu ne t’en doutais, réplique-t-elle. Alors, qui est-ce ? Je veux tout savoir, le prie-t-elle. Je suis ta mère, j’ai le droit de savoir.
- Mais il n’y a rien à savoir. Hassina est une amie avec qui je prends parfois le café, lui confie-t-il. C’est quelqu’un de très agréable, de doux. Je me détends en sa présence.
- Que de qualités, remarque sa mère. Quand me la présenteras-tu ?
- Pourquoi ? C’est juste une amie.
- Raison de plus, rétorque-t-elle. Je vous invite à prendre le café ici. Je te promets d’être gentille. Puisqu’elle est ton amie. S’il te plaît, ne me refuse pas ce plaisir !
Samir promet d’appeler Hassina. Il voit bien que sa mère est heureuse qu’il ait pu rencontrer quelqu’un d’autre. Il imagine sans peine qu’elle doit déjà faire des projets. Il a beau lui dire que leur relation est amicale, il sent qu’elle ne le croit pas.
- Je ne suis pas amoureux d’elle, insiste-t-il. Et puis, tu oublies que je suis marié.
- Quel mariage ? Mon pauvre fils, il ne reste rien de ton mariage, dit sa mère. Si elle tenait un peu à toi, elle serait revenue. Tu ne comptes plus à ses yeux.
- Qu’en sais-tu ?
- Chaque jour qui passe vous éloigne, répond sa mère. Elle prouve ce que je t’ai toujours dit. Elle est indigne de toi.
Samir prend un air menaçant. Il ne veut pas l’entendre dire des méchancetés sur Mouna. S’ils sont séparés, c’est contre sa volonté. Qu’est-ce qu’il ne ferait pas pour la retrouver ? Il pense à l’appeler pour avoir de ses nouvelles. Pour la première fois depuis des semaines, elle accepte de lui parler.
(À suivre)
A. K.
15 octobre 2010
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