Edition du Lundi 21 Novembre 2005
RÉSUMÉ : Samir reprend le travail après avoir broyé du noir durant des jours. Mouna ne veut toujours pas le voir. Un jour, il sort avec son assistant. La femme de ce dernier, accompagnée d’une cousine, les rejoigne. Hassina a le même sourire que Mouna. Il en est bouleversé…
Qu’y a-t-il ? Vous êtes tout pâle, remarque Hassina. Vous avez vu un fantôme ?
Samir reprend son souffle puis soupire. Il voudrait lui répondre que oui. Quand ses yeux s’attardent sur son sourire, il jurerait que c’est Mouna. Il grimace un sourire puis s’excuse. Cette fois, il se lève et rien n’aurait pu le retenir.
- Je pourrais avoir votre numéro ? lui demande Hassina.
Samir ne refuse pas. Il le lui écrit. Il part même si Tewfik tente de
le retenir.
- J’ai vraiment à faire. On se retrouvent tout à l’heure au bureau.
Samir part sans se retourner une seule fois. Il entre dans un taxiphone et appelle chez ses beaux-parents. C’est sa belle-mère qui lui répond. Elle est heureuse de l’entendre. Elle prend de ses nouvelles et l’invite à dîner. Il ne refuse pas. Il n’ose pas lui dire non.
- Comment va Mouna ?
- Elle se remet lentement, répond hadja Nouara.
- Dis-lui que je veux lui parler. Elle va la voir et il n’est pas surpris de l’entendre refuser.
- Une autre fois, peut-être ?
- C’est ça. Porte-toi bien et prends bien soin d’elle, lui dit-il avant de raccrocher. En allant régler sa communication, il tombe sur Hassina. Elle feint la surprise.
- Vous ici ! s’écrie-t-il.
- Il fallait bien qu’on se revoie, dit-elle. Si cela ne vous dérange pas, je voudrais marcher un peu avec vous. Vous êtes si triste.
- Vous croyez pouvoir me ramener le sourire ?
- Ce n’est pas impossible. Vous acceptez que je marche un peu avec vous ? demande-t-elle une nouvelle fois. Juste le temps de ramener le sourire.
- Et si vous échouez ?
- J’aurais au moins tenté.
Samir soupire. Il accepte de faire quelques pas avec elle. Encore une fois, son sourire lui rappelle Mouna. De la colère monte en lui. Il ne comprend pas pourquoi elle refuse tout contact avec lui. Cela fait plusieurs jours qu’ils ne se sont pas vus et elle est toujours remontée contre lui. Il se demande jusqu’à quand, elle continuera à l’exclure de sa vie.
Avant de quitter l’hôpital, la professeur en cardiologie lui avait expliqué la gravité de sa maladie. Elle lui a recommandé du repos et prescrit un traitement.
- Elle doit n’en faire qu’à sa tête, pense-t-il tout haut.
- Vous parlez de votre femme ou de votre mère ?
- De ma femme.
Samir éprouve le besoin de raconter ce qui lui est arrivé. Les quelques pas les mènent dans un salon de thé et Hassina en sait plus sur lui que sa propre mère. Lui qui n’avait pas l’habitude de se confier, se sent mieux. Il en avait besoin. La jeune femme l’a écouté sans l’interrompre une seule fois. Tewfik lui avait dit qu’il passait par le plus mauvais moment de sa vie. Elle n’avait pas trouvé mieux que de le suivre dans la rue. Elle était touchée. Samir est d’emblée quelqu’un de sympathique et d’adorable.
- A-t-elle conscience de sa chance ? lui demande-t-elle.
- Je crois. Elle est seulement
en colère.
- Jusqu’à quand ? Avec votre amour, elle devrait s’être ressaisie, remarque Hassina. Si j’étais à sa place, je peux vous jurer que la situation serait différente. Samir sourit. Le cœur serré, il regrette que celle qui est en face de lui ne soit pas Mouna. Sa confidente de toujours lui a tourné le dos et, aujourd’hui, il en est arrivé à se confier à une inconnue. Hassina sait écouter. Elle se montre disponible pour lui. En plus, sa présence est agréable. Pour la première fois depuis qu’il s’est marié avec Mouna, il trouve des qualités à une autre femme qu’elle…
(À suivre)
A. K.
15 octobre 2010
1.Extraits