Edition du Dimanche 20 Novembre 2005
La nouvelle de Adila Katia
“L’autre”
RÉSUMÉ : Fathma est dans tous ses états. Elle ne pardonnera jamais à sa belle-fille. Elle demande à Samir de la répudier. Mais il lui trouve des excuses. Mouna vit un moment dur et elle est sourde. Hadja Nouara tente de convaincre sa fille de l’amour de Samir et de l’erreur qu’elle commet en refusant de lui parler…
ça va, Samir ? Après maints refus et plusieurs jours à broyer du noir, il a repris son travail. Le programme chargé lui permet de ne pas penser à sa femme. Même si, parfois, quand un mot, un geste ou une image la lui rappelle, il se perd dans les souvenirs ; son assistant Tewfik, plus jeune que lui, se permet de l’en tirer.
- Samir, quelque chose ne va pas ?
Ce dernier revient à la réalité et s’excuse. Mais il ne répond pas à la question.
- Tu disais ?
- ça va ?
- Oui, répond Samir. Je te propose de faire une pause.
- Et si on allait déjeuner ?
- Je n’ai pas faim. Mais l’idée de sortir du bureau me plaît, sortons.
Sa secrétaire est surprise de le voir sortir. C’est la première fois depuis qu’il a repris qu’il sort déjeuner. Au courant de sa situation, elle est heureuse qu’il se soit ressaisi.
Il était temps.
- Bon appétit !
- Merci.
Tewfik et Samir se rendent au restaurant. Alors qu’ils ont pris place, deux femmes se dirigent vers eux. Tewfik se lève très surpris.
- Mais qu’est-ce que vous faîtes là ? leur demande-t-il.
- On avait envie de grignoter quelque chose, répond l’une d’elles avant de sourire. Tu ne nous présentes pas ?
- Si.
Tewfik présente sa femme Farida et Hassina une cousine éloignée à celle ci. Samir se lève et leur sert la main.
Il espère qu’elles vont vite partir mais Farida a des choses à dire à son mari. Sans même avoir été invitée à rester, Farida prend place et dit à sa cousine d’en faire autant.
Farida se met à discuter avec son mari d’un projet. Ils parlent à voix basse. Ils les ignorent complètement. Samir se sent mal à l’aise.
Il se lève et s’excuse.
- Je me suis rappelé avoir une course, dit-il. Ma mère va m’étrangler. On se voit tout à l’heure.
- Si c’est à cause de moi, dit Hassina, je peux partir, restez, le prie-t-elle. Je m’en voudrais de vous avoir gâché la pause déjeuner. Restez. Je sais que vous n’avez pas de course à faire.
- Vous voulez me créer des problèmes avec ma mère ?
- Jamais, répond elle avant de remarquer. C’est la première fois que je vous voie avec Tewfik. Vous travaillez ensemble ?
- Oui. Que faîtes-vous dans la vie ?
- Rien, hélas ! J’ai travaillé comme informaticienne dans une boîte qui a vite coulé, dit-elle. Depuis, j’ai frappé à toutes les portes, personne ne semble avoir besoin d’une informaticienne.
- Il ne faut pas baisser les bras.
La chance peut vous sourire.
Samir a voulu lui remonter le moral. Elle lui sourit.
- C’est gentil de vouloir me remonter le moral mais le travail n’est disponible que lorsqu’on a des gens bien placés. Il n’y a pas de travail chez vous ? lui demande-t-elle.
Tewfik lui lance un regard plein de reproches. Samir a un geste pour l’excuser.
- Ce n’est rien. Tu ne peux pas lui reprocher de vouloir s’en sortir, dit-il avant de s’adresser à Hassina. S’il y a un poste de libre quelque part, je le dirais à Tewfik.
Mais Hassina sort son agenda, note sur une feuille son numéro de portable et aussitôt la lui remet.
- Pour me joindre, à tout moment, dit-elle. Je n’habite pas en ville.
Samir plie le papier et le range dans son portefeuille. Il ne lui pose aucune question personnelle. Un souvenir lui est revenu et il pense à Mouna. Hassina a le même sourire qu’elle. Mais Mouna l’a perdu depuis longtemps. Et lui avec…
(À suivre)
A. K.
15 octobre 2010
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