Edition du Samedi 19 Novembre 2005
La nouvelle de Adila Katia
L’autre
RÉSUMÉ : Fathma a réussi à accompagner Samir à l’hôpital. Les choses se passent très mal. Mouna et elle se querellent presque. Fathma n’a pas supporté de voir son fils traité comme un moins que rien…
Fathma est dans tous ses états quand elle rentre à la maison. Durant tout le chemin, elle n’a cessé de jurer. Le silence de Samir lui a permis de se soulager. Elle n’en revient pas que Mouna ait pu être aussi froide avec lui. Après tout ce qu’il a fait pour son bonheur, elle aurait pu montrer du respect et de l’estime.
Fathma ne supporte pas qu’elle se comporte ainsi avec son fils. Qu’elle soit méprisante avec elle, elle peut l’accepter mais qu’elle le soit avec Samir, jamais ! Elle jure de le lui faire payer un jour.
- Elle est indigne de toi ! C’est honteux ! Si j’étais à ta place, dit-elle, je la répudierais sur-le-champ !
- Elle n’était pas bien et toi aussi, tu y as mis ton grain de sel, remarque Samir. Il faut toujours que vous ayez une discussion houleuse.
- Je ne pouvais pas rester ainsi ! C’est plus fort que moi, à chaque fois que quelqu’un s’en prend à mes enfants, je ne peux pas me retenir !
- Tu ne retourneras plus à l’hôpital, l’avertit-il. Que je ne te surprenne pas là-bas !
- Promis !
Fathma a décidé de ne pas retourner chez elle. Elle pensait que Mouna rentrerait à la maison. Au bout de trois jours, elle finit par demander à son fils qui refusait de lui apporter des repas chauds :
- Quand sortira-t-elle ?
- Elle est sortie, hier. Je l’ai emmenée chez ses parents, lui dit-il. Elle ne voulait pas rentrer tout de suite. Elle a deux traitements à suivre et elle doit éviter tout stress, toute forte émotion.
- Tu craignais que je m’en prenne encore à elle ? Mais l’autre fois, ajoute-t-elle pour se défendre, c’était elle qui m’avait provoquée. Je suis désolée. Il faut donc que je rentre chez moi pour qu’elle te revienne !
- Non, tu n’y es pour rien, cette fois, la rassure Samir. Mais elle rentrera plus tard, quand elle le voudra.
- Alors, je peux te tenir compagnie ? émet-elle. En attendant son retour. Ton père est chez ton frère Mâamar. Si tu veux, on pourrait aller les voir ? Cela nous changera d’Alger.
- Plus tard maman.
Si Samir s’écoutait, il ramènerait sa mère à la maison afin d’être seul. Depuis que Mouna est fâchée et lui en veut à mort, il ne se sent plus le même. Il espère que si elle l’aime encore un peu, sa colère finira par s’atténuer. Elle lui reviendra. Il a hâte de voir ce jour arriver.
Mais Mouna, quand il va lui rendre visite, refuse de le recevoir. Elle reste dans la chambre et ferme la porte à clef. Il en est très peiné. Même quand ses parents la prient d’ouvrir, elle ne les écoute pas.
Samir est retourné plusieurs fois et à chaque fois, Mouna refuse de le voir. Hadja Nouara est désolée de ne pas pouvoir la “forcer”. Elle a de la peine pour Samir et comme elle le dit souvent à sa fille, à force de le renvoyer, il finira par ne plus revenir.
- Ouvre les yeux, lui dit-elle. Prends conscience de ta chance. Tu as un mari qui t’aime et qui, malgré tout, veut rester avec toi. Il n’est pas responsable du malheur qui t’a frappée. Il n’était pas écrit que tu aurais cet enfant.
- Moi, je le voulais. C’était à moi de décider si j’allais continuer ou interrompre ma grossesse, rétorque Mouna. C’était à moi de décider de la gravité de mon cas.
- Il ne voulait pas te perdre. Crois-tu que c’était facile pour lui ? Il tenait aussi à ce bébé mais encore plus à toi, insiste sa mère. Il ne voulait pas te perdre. Il a tout fait pour que cela n’arrive pas. Seulement, tu es en train de le pousser à ne plus revenir. À force, c’est toi qui vas le perdre.
Mais Mouna ne s’en est pas encore remise. La colère l’aveugle et l’assourdie…
(À suivre)
A. K.
15 octobre 2010
1.Extraits