Edition du Mardi 15 Novembre 2005
La nouvelle de Adila Katia
L’autre
RÉSUMÉ : Samir tente de s’expliquer une nouvelle fois mais Mouna reste sourde à ses paroles. Elle souffre trop pour se rendre compte de la souffrance de son mari. En rentrant chez lui, il tombe sur ses parents, alors qu’il a envie d’être seul…
Que faîtes-vous ici ? Samir est trop énervé et dérouté par l’attitude de sa femme pour afficher un sourire. Quant à les accueillir chaleureusement, dans son état, il n’y pense même pas.
Ses parents sont choqués par son accueil.
- Merci mon fils. Je vais très bien, dit Fathma. Oui, même très bien.
- Moi aussi, rétorque Samir. Vous avez le don de venir quand cela vous chante. En fin de journée. Vous n’auriez pas pu trouver meilleur moment pour venir !
Son père le prend par le bras et lui demande :
- J’ai vu le concierge, il m’a rapporté que ta femme a été emmenée à l’hôpital. Que lui est-il arrivé ?
- Elle a eu un problème, répond Samir. Elle est encore à l’hôpital.
- Et… c’est grave ? demande sa mère.
- Elle n’est pas là-bas pour des vacances, répond-il.
- Mais tu peux m’en dire plus. Je ne suis pas une étrangère, lui rappelle-t-elle. Je voudrais savoir si… si…
- Si quoi ? rétorque-t-il. La nouvelle va te faire sauter de joie. Elle n’aura pas le bébé.
- Ah ! On va la voir ? propose-t-elle à son mari. Cela lui remontera le moral.
- Non, n’y allez pas ! Elle a besoin d’être seule, dit Samir. Remets ta visite à plus tard. Le plus tard possible. Il voit bien que la nouvelle a réjoui sa mère et que s’il le lui permettait, elle se rendrait sur le champ à l’hôpital. Elle n’a jamais voulu de cet enfant et maintenant que son vœu a été exaucé puisqu’il ne verra pas le jour, elle voudra mettre les nerfs de Mouna à l’épreuve. Comme si cette nouvelle et terrible épreuve n’est pas suffisante pour qu’elle craque.
- Je ne te reconnais pas ces derniers mois, lui dit sa mère. Tu me manques de respect à chaque fois que je viens prendre de vos nouvelles. Je n’y peux rien si je suis souvent d’un avis différent du vôtre.
- Maman, je vis un cauchemar depuis deux jours. Serait-ce trop te demander de me laisser en paix ?
- Hélas, tu devras me supporter jusqu’à demain, la nuit tombe et ton père ne peut pas conduire, lui rappelle-t-elle. Demain, on partira à la première heure. Sauf si tu veux nous envoyer à l’hôtel ?
- Allez, venez…
Samir ne peut pas les envoyer à l’hôtel. Quand ils se retrouvent à la maison, sa mère décide de préparer le dîner même s’il a proposé d’acheter un repas prêt.
- Va te reposer. Je m’occupe de tout.
Dans le salon avec son père, il peut discuter tranquillement. Il s’efforce de ne pas être de mauvaise compagnie. Malgré tout, ses parents n’y sont pour rien dans ce qui est arrivé à sa femme.
- Je suis à bout papa. Tu ne m’en voudras pas si je vais me coucher ?
- Tu ne peux pas aller te coucher le ventre vide, lui dit Ali. Mange un peu d’abord.
Mais attendre que le dîner soit prêt donnera l’occasion à sa mère de lui parler de choses et d’autres avant d’aborder le sujet si cher à son cœur. Il se doute bien qu’elle allait se remettre à lui chercher une autre femme et à lui parler du bonheur qu’il pourrait trouver auprès d’une autre que Mouna.
- Je mangerais demain. Bonne nuit papa.
- Puisque je ne peux pas te forcer à manger, bonne nuit. Il ne passe pas la souhaiter à sa mère même s’il sait qu’elle allait vite deviner qu’il avait trouvé un bon prétexte pour l’éviter.
(A suivre)
A. K.
15 octobre 2010
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