Edition du Dimanche 13 Novembre 2005
La nouvelle de Adila Katia
L’autre
RÉSUMÉ : Mouna en veut à son mari. Il sait combien elle tenait à ce bébé. Elle ne comprend pas pourquoi il a donné son accord. Il a beau lui expliquer qu’il s’agissait de lui sauver la vie ou de les perdre, elle est trop peinée pour l’écouter. Même la professeur ne parvient pas à la convaincre de la gravité de son cas…
Samir se rend chez ses beaux-parents. Il a besoin de leur aide. À la tête qu’il fait, ces derniers devinent que quelque chose ne va pas.
- Qu’est-ce qui s’est passé ? demande hadja Nouara.
- Mouna est à l’hôpital, leur apprend-il. Elle n’est pas bien…
- Elle est à la maternité ?
- Oui…
- Que lui est-il arrivé ? On s’est vues avant-hier, se rappelle la vieille mère. Elle allait bien… Ils allaient bien…
Samir lui parle du cholestérol et de ses complications. Il n’ose pas leur parler de l’interruption de la grossesse. Ils le sauront plus tard. Sa belle-mère se doute de quelque chose. Elle veut en savoir plus sur l’état de Mouna.
- Elle va rester longtemps à l’hôpital ?
- Je l’ignore. Mais comme elle ne va pas bien, j’ai pensé que cela lui fera du bien de vous voir, dit Samir. Si vous voulez, je vous emmène à l’hôpital maintenant.
Cinq minutes après, ils partent. Mouna est toujours en larmes quand ils entrent dans la chambre d’hôpital. Hadja Nouara se met à pleurer quand sa fille s’accroche à son cou.
- Maman, c’est fini… Je n’aurais pas d’enfant…
Hadj Salem ne supporte pas de voir sa fille pleurer. Il sort dans le couloir avec Samir. Il lui explique la raison pour laquelle les médecins ont décidé d’interrompre la grossesse.
- On risquait de perdre Mouna et le bébé. Pour pouvoir la soigner, il fallait mettre fin à sa grossesse. Elle aurait pu mourir. Et même maintenant, sa vie est encore en danger. Elle m’en veut de les avoir autorisés…
- Elle finira par comprendre, dit son beau-père. Qu’a-t-elle au juste ?
- Une angine de poitrine. Elle aura un traitement dès demain. Le problème, c’est qu’elle va se retrouver seule et elle va broyer du noir.
- Si cela ne te gêne pas, on restera chez vous deux ou trois jours, propose hadj Salem.
- Vous êtes les bienvenus. Préparez des affaires pour quelques jours. Je veux que vous soyez à l’aise.
- J’espère qu’elle s’en remettra vite, dit le vieux père. Je regrette qu’elle n’ait pu combler son désir. Il est écrit que malgré tous vos efforts, vous n’en aurez pas. Il faut se faire à la volonté de Dieu.
- Moi, je m’y suis fait. Pensez à le dire à Mouna. Peut-être qu’elle acceptera de vous écouter ?
- Sa mère va se charger de la raisonner. La colère et la peine s’atténueront avec le temps, dit hadj Salem. Il faudra être patient avec elle.
Samir a déjà entendu ce conseil quelque part. Il promet de l’être le temps qu’il faudra, le temps qu’elle se remette de cette nouvelle épreuve. Il espère qu’elle ne lui en voudra pas au point de l’exclure de sa vie. Tout à l’heure, elle avait été si dure avec lui que pendant un moment, il avait pensé qu’elle devait éprouver de la haine.
Si sa colère ne s’atténue pas, il sent bien que ses sentiments allaient changer. Il espère que la visite de ses beaux-parents la calmera un peu. Elle n’est pas seule. Il tient à ce qu’elle prenne conscience que malgré tout ce qui leur est arrivé, plus que jamais il l’aime et jamais il ne se séparera d’elle.
- Je voudrais lui parler, confie-t-il à son beau-père, mais je crains qu’elle ne refuse…
- Essaie toujours. Elle ne pourra pas toujours refuser.
Samir retourne dans la chambre, accompagné de son beau-père. Mouna ferme les yeux, elle n’a aucune envie de le voir. Sa belle-mère se lève et le prend par le bras. Elle veut lui proposer une solution…
(À suivre)
A.K.
15 octobre 2010
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