Edition du Mardi 20 Décembre 2005
RÉSUMÉ : Rabiha se rend souvent à la cité de jeunes filles. Elle voudrait tout connaître de ce qui s’y passe mais Mayssa ne raconte presque rien. Elle ne lui présente pas ses amies sachant que sa mère n’allait pas les apprécier. À la pizzeria, un étudiant, Hamid, s’invite à leur table. Grâce à lui, sa mère allait en savoir plus…
Sachez que si les autres sont accessibles, votre fille reste intouchable. On ne peut jamais blaguer avec elle. Elle est trop sérieuse pour nous, poursuit Hamid. J’aurais bien tenter ma chance. Mais quand elle regarde comme maintenant, je crains de recevoir une gifle ! Il n’y a jamais de bon moment avec elle. Soit elle étudie, soit elle se repose toute seule. Ce n’est pas juste.
Rabiha le trouve beau garçon et apprécie sa franchise. Elle remarque que sa fille est toujours gênée. Elle n’avouera jamais pourquoi.
- Quand tu parles des autres filles, les amies de ma fille doivent être comme elle, sérieuses et tout ?
Hamid éclate de rire. Il secoue la tête pour affirmer que non.
- Elles sont son opposé, lui dit-il. Elles sont tout, sauf sérieuses et studieuses. Sans Mayssa pour les aider, elles rateront l’année. Hier soir, elles sont toutes sorties avec leurs copains. Certaines ne sont pas rentrées. C’est indigne des filles de bonne famille.
- Ah, bon ! Je n’imaginais pas ses amies ainsi, soupire Rabiha. J’avais une tout autre image d’elles. Pourquoi gardes-tu la tête baissée ?
- Je suis en train de manger maman, répond la jeune fille. Hamid est en train de t’induire en erreur. Mes amies sont bien.
- Non, toi tu es trop bien pour elles, insiste Hamid. Comme tu es trop bien pour moi.
Rabiha l’apprécie beaucoup. Elle est tentée d’encourager sa fille à le fréquenter. Elle pense même à l’inviter chez elle. Elle lui demande de quelle région il est et des nouvelles de sa famille. Mayssa lui lance des regards furibonds. Sa mère dépasse les limites.
Hamid est ravi de donner une bonne impression. Il s’est toujours intéressé à Mayssa mais son attitude l’a toujours découragé.
- Je suis issu d’une famille très modeste, on est nombreux, plus de dix à la maison, précise-t-il. Maman est infirmière et papa est enseignant. Je suis l’aîné des garçons.
- Tes parents doivent être fiers de toi, remarque-t-elle. Mayssa est une fille adorable. Elle ne m’a jamais déçue et je ne te cacherais pas que je suis fière d’elle. Elle est ma raison de vivre.
- Elle a de la chance de vous avoir, dit Hamid avant de répondre au salut d’un copain. J’aimerais rester mais je dois partir. Au revoir madame. Cela a été un plaisir que de vous avoir parlé.
- C’est réciproque, répond Rabiha. Que dirais-tu de venir avec Mayssa pour passer la journée chez nous ? propose-t-elle.
Mayssa espère qu’il va refuser mais il saute sur l’invitation, fou de joie.
- Inch’Allah ! C’est gentil de votre part, madame.
- À bientôt alors !
Rabiha suit Hamid du regard. Quand elle se tourne vers sa fille, elle remarque qu’elle n’est plus gênée mais tout simplement furieuse. Mayssa n’en revient pas.
- Tu me fais honte maman. Qu’est-ce qu’il doit être en train de penser ? Qu’est-ce qu’il va raconter aux autres ? s’écrie-t-elle. Tu es aveugle ma parole. Je vais être la risée des étudiants. Ma mère invite un copain !
- Je ne vois pas ce qu’il y a de mal, rétorque Rabiha. Il me semble très bien pour toi.
- Je trouve ta remarque déplacée, réplique sa fille. Après toutes ces années à me recommander la prudence, tu veux me jeter dans les bras du premier que tu rencontres ! Je ne suis pas d’accord. Je n’ai que faire d’une relation avec lui. Et surtout, je ne veux plus que tu te mêles de ma vie privée. Elle prend son sac et sort. Elle ne veut pas lui dire de méchancetés. Elle lui en veut de la mettre dans cette situation. Elle n’a pas l’habitude de se quereller avec elle mais cette fois, sa mère a dépassé les limites.
(À suivre)
A. K.
15 octobre 2010
1.Extraits