Edition du Mardi 06 Décembre 2005
RÉSUMÉ : Après plus d’une année, Mahmoud veut normaliser sa relation avec sa femme. Mais Rabiha refuse ce rapprochement entre eux. Elle retourne à la pièce principale. Sa belle-mère lui rappelle qu’elle ne peut pas se refuser à son mari. Il a des droits sur elle. Rabiha ne l’entend pas de cette oreille.
Depuis cette nuit où elle s’est refusée à son mari, Louiza ne prend plus le parti de sa belle-fille. Elle n’est pas d’accord avec elle. Elle ne comprend pas pourquoi elle n’accepte pas sa destinée. Il faudra bien qu’elle s’y fasse et qu’elle regagne sa chambre. Mahmoud ne va pas tolérer cette situation bien longtemps.
Louiza n’est pas surprise de l’entendre râler après Rabiha à chaque occasion qui se présente. Elle évite d’être dans les parages quand cela arrive. Elle ne veut plus intervenir, jugeant que sa belle-fille exagère en refusant de céder.
Mahmoud peut la frapper que cela la laisserait indifférente. Elle reste dans la cour ou sous l’olivier et tient compagnie à son vieux mari. Il est au courant et lui aussi n’approuve pas. Rabiha est orpheline.
Ses parents sont décédés alors qu’elle n’était qu’un bébé. Son oncle paternel s’est chargé d’elle depuis. Ils viennent rarement. Ils résident dans un village, près de la frontière tunisienne.
- On devrait inviter son oncle et lui dire ce qu’il en est, décide-t-il. Elle ne peut pas passer son temps à refuser de le servir. Et ces querelles entre eux vont rendre leur fille malheureuse.
- Oui, la pauvre petite est terrorisée. Elle craint même de rester dans la même pièce que son père. Je me demande comment ils feront plus tard. On ne sera pas toujours là.
- Il faut espérer qu’on vivra assez vieux pour les voir heureux, souhaite Amara.
Seulement, c’est sans compter sur la rudesse de l’hiver. Le vieil homme contractera une grippe carabinée qui ne lui laissera aucune chance de s’en sortir. Il les quittera après deux semaines de souffrance.
Louiza sera très éprouvée par la perte de son mari. Son compagnon de toujours a laissé un grand vide et elle ne quitte pas le coin où il avait l’habitude de s’asseoir. Les rares personnes qu’elle voit, sont ses anciens compagnons. Elle trouve du réconfort à parler de lui, à faire vivre son souvenir. Personne n’est surpris d’apprendre sa mort, au printemps. Elle s’en est allée le rejoindre.
Elle était lasse de la vie sans son mari, d’entendre son fils crier, les pleurs de Rabiha. Après la mort de son compagnon de toujours, leurs querelles incessantes lui avaient brisé le moral. Seule, confrontée à la dureté de Mahmoud, Rabiha n’en peut plus. Quand son oncle est venu les réconforter de la perte de ses beaux parents, elle a envie de rentrer avec lui.
Mais son oncle Salah refuse qu’elle abandonne son foyer. Elle pleure à chaudes larmes, lui expliquant les raisons qui la poussent à partir.
- Je vais parler avec lui, dit-il. C’est une crise passagère. Tu ne peux pas gâcher ton mariage sur un coup de tête. Parce qu’il t’a frappée sous l’effet de la colère ou de la peine.
Rabiha se tourne vers sa tante Aïcha, la priant d’intervenir en sa faveur. Mahmoud est au village. Elle peut leur parler à l’aise.
- Juste pour quelques jours, la prie-t-elle. Je n’en peux plus.
- Allons dans ta chambre, lui dit sa tante.
Une fois seules, elle l’interroge sur leurs différends. Elle se doute bien que l’invalidité de son mari y est pour beaucoup. Elle comprend qu’il soit devenu grincheux et ne tolère pas qu’on discute ses ordres. Elle est loin de se douter qu’ils ne partagent pas la même couche.
- Cela dure depuis quand ?
- Depuis son retour. Au début, c’était de sa faute, dit Rabiha avant d’avouer qu’elle y est pour beaucoup dans la situation actuelle. Depuis quelques mois, c’est moi qui refuse.
- Mais tu es folle ! s’écrie sa tante. Comment peux-tu te comporter de la sorte avec lui ? Tu voudrais qu’il te répudie ?
Rabiha est bien déçue. Elle ne s’attendait pas à ce qu’elle ne lui donne pas raison.
(À suivre)
A. K.
15 octobre 2010
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