Edition du Lundi 24 Octobre 2005
RÉSUMÉ : Après une semaine d’hospitalisation, elle peut enfin rentrer chez elle. Le spécialiste lui recommande d’être prudente. Il lui fixe rendez-vous, dans trois mois. Une fois à l’hôtel, Mouna tient à rentrer à la maison. Samir ne peut rien lui refuser. Surtout maintenant qu’elle est enceinte.
-Ouf ! J’ai cru qu’on n’arriverait jamais à destination, dit Mouna en descendant de l’avion. J’ai hâte d’être à la maison.
Après avoir récupéré la voiture qu’il a laissée au parking, Samir vient prendre Mouna à la sortie. Il lui propose d’aller chez ses parents. Mais elle refuse.
- Je ne veux pas les déranger si tard, dit-elle. Je les verrai plus tard.
- Jamais je n’aurais cru qu’un jour tu puisses me dire cela ! Qu’est-ce que je prends pour le dîner ?
- Ce que tu veux.
Samir achète un poulet rôti, des frites, des fruits et du jus dans un restaurant de leur quartier, pour qu’ils puissent le consommer chaud. Mouna monte la première. Elle croise sa voisine Farida en train d’appeler ses enfants dans la cage d’escalier.
- Ils sont dehors, lui dit Mouna.
- Te revoilà, où étais-tu passée ?
- En vacances, répond Mouna.
- En vacances ? reprend Farida. Peut-être au Soudan ? ajoute-t-elle en riant. À voir ta mine affreuse… Je peux dire à ta place que c’était tout sauf des vacances !
Mouna n’a pas le temps de lui répondre. Samir l’a vite rejoint et c’est lui qui répond.
- Au lieu de juger les mines des gens, vous devriez vous occuper de vos enfant.
Quand ils sont enfin chez eux, Samir lui avoue une chose :
- Je comprends maintenant pourquoi elle te met les nerfs en boule. Elle a toujours une méchanceté à dire.
- Je la plains. Ce n’est pas facile d’élever dix enfants, dit Mouna. Surtout avec le peu de moyens qu’ils ont.
- Rassure-toi, notre enfant ne manquera de rien ! Il aura tout ce dont il a envie.
Samir a l’air rêveur en parlant. Alors qu’il prépare la table de la cuisine, elle le surprend figé dans ses pensées. Elle ne peut s’empêcher de le pincer.
- Déjà, tu parles du bébé au masculin. Et si c’est une fille ? Tu ne la gâteras pas ?
- Si elle est aussi adorable que toi, elle va faire un malheur.
Samir sort un vieux journal qu’il étale avant d’ouvrir l’emballage du poulet rôti. Il tombe sur une annonce qui a été entourée au stylo-feutre. Mouna, qui s’occupe à remplir les assiettes, ne remarque pas qu’il est en train de lire.
- C’est toi qui as entouré cette annonce ?
- Quelle annonce ?
- Celle-là…
Il lui montre l’annonce. Quand elle la lit, elle éclate de rire, se rappelant l’idée qui lui avait traversé l’esprit. Elle se rappelle aussi que c’était ce jour-là qu’elle avait contacté son médecin traitant puis sa mère venue lui apporter l’adresse et le numéro de la clinique.
J’avais envie de me présenter pour la pub, lui dit-elle. Je me trouvais belle. Maintenant avec tous ses kilos en plus et mes traits fatigués, je n’ai plus rien de photogénique.
- Tu crois que j’aurais accepté ?
- Je ne sais pas, répond-elle. J’en avais envie. Mais c’était avant que je ne trouve une vraie solution à mon problème de stérilité. Maintenant, j’ai d’autres priorités.
- Je veux bien te croire. Mangeons tant que c’est chaud, lui dit-il.
Ils se sont à peine assis que son téléphone portable sonne. Comme il est près d’elle, Mouna le prend pour répondre mais en voyant le nom de sa belle-mère afficher, elle le repose, elle n’a aucune envie de lui parler.
(À suivre)
A. K.
13 octobre 2010
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