Edition du Samedi 15 Octobre 2005
RÉSUMÉ : Samir finit par céder. Il ne supporte pas de voir sa femme malheureuse. Il veut bien tenter leur chance une dernière fois. En froid avec ses parents depuis quelques mois, il espère que Mouna fera l’effort de les contacter et de leur apprendre la nouvelle.
Samir ne veut pas partir aussi loin sans en avoir parlé à ses parents. Ils ont le droit de savoir. Quand il en parle à Mouna, elle ne saute pas de joie.
- Après ce qu’ils ont osé me faire derrière le dos, je ne suis pas prête à aller les voir, lui dit-elle. Car si cela échoue encore, ils m’en tiendront responsable. À leurs yeux, je suis stérile. C’est de ma faute si leur cher fils n’a pas d’enfant.
- Cesse de dire des bêtises et n’écoute pas les mauvaises langues, la prie-t-il.
- Mais c’est ta mère. Si ça aurait été une autre, je m’en ficherai mais c’est ta mère, et ton père ne fait qu’approuver ce qu’elle dit, insiste Mouna, les larmes aux yeux. Quand ils t’ont proposé de te remarier, ils s’attendaient à quoi ? À ce que je saute de joie ?
- Je n’ai pas accepté. Et cela t’a fait sauter de joie, lui rappelle-t-il. Je n’aime que toi et jamais je ne me remarierai. Même pour assurer ma descendance. Et si je veux bien essayer, c’est pour toi que je le fais. Alors tu pourrais t’efforcer un peu, par amour, pour moi ? Il faut bien que vous vous retrouviez un jour. Pourquoi pas maintenant ?
- Pourquoi pas après ?
- Ce sont mes parents, insiste Samir. Je ne te demande pas de te réconcilier avec le diable mais avec ma famille. Tu pourrais faire un effort !
- Oui, mais après ?
- Chaque chose en son temps ; allez, va te préparer, la prie-t-il une dernière fois. On ne tardera pas.
- Jure-le moi !
- C’est promis et juré. On ne restera qu’un quart d’heure, lui dit-il. Je descends sortir la voiture du garage.
Mouna se donne un coup de peigne et met sa veste. Elle rejoint son mari. Durant tout le trajet, jusqu’à Chéraga, où habitent les parents de Samir, ils ne se disent pas un mot.
Cela fait presque une année qu’elle ne les a pas vus. Elle n’a pas apprécié le fait qu’ils aient voulu se mêler de leur vie privée. Elle ne les regrette pas. Elle voudrait les garder en retrait de leur vie, pour s’assurer qu’ils ne tenteront jamais d’influencer Samir. Mais puisque ce dernier insiste, elle veut bien faire l’effort de leur rendre visite. Elle n’attend aucune bénédiction et aucun signe de joie de leur part. Elle est surprise quand ils l’accueillent chaleureusement. Apparemment, Samir les a prévenus de leur visite. Le café est prêt et il y a même des gâteaux. Fathma et Ali les mettent à l’aise et discutent avec elle comme s’ils n’ont jamais été en froid. Mouna se garde de tout commentaire, tenant à ce que cette réconciliation ne leur permette pas de se rapprocher d’eux, comme avant. Elle est là parce que son mari y tenait.
C’est aussi lui qui aborde le sujet.
- Demain on part à Annaba. on a rendez-vous avec un grand spécialiste.
- Ah !
- Je tenais à ce que vous le sachiez, poursuit Samir. Avec un peu de chance et votre bénédiction, tout ira bien, cette fois.
- Qui t’a parlé de ce spécialiste ? l’interroge sa mère en regardant Mouna du coin de l’œil.
- Ils ont parlé de cette clinique à la télévision. Les spécialistes travaillent avec de nouvelles techniques, dit Samir. On va tenter notre chance avec eux. Voyant sa mère se redresser et devinant qu’elle voudrait en savoir plus sur ces nouvelles techniques, il se lève, prêt à partir.
- Il est temps qu’on parte, dit-il. On se reverra bientôt.
- Pourquoi ne pas rester dîner ? propose Fathma alors que Mouna se lève. C’est presque prêt.
- Non, merci maman. Une autre fois peut-être ?
Fathma et Ali leur souhaitent bon voyage et bonne chance. Mouna soupire de soulagement. Le soupir ne tombe pas dans l’oreille d’un sourd. Samir lui fait remarquer :
- Tu vois, ce n’était pas si terrible que ça !
- Je reconnais que c’est vrai mais attends de voir leur réaction plus tard, répond-elle. Après notre retour.
Samir ne dit rien, admettant au fond de lui-même qu’elle n’a pas tort.
(À suivre)
A. K.
12 octobre 2010
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