Edition du Jeudi 13 Octobre 2005
RÉSUMÉ : Mouna saute de joie quand son mari rentre plus tôt que prévu. Il tombe sur l’enveloppe contenant les bilans médicaux. Elle est forcée d’aborder le sujet sur-le-champ. Samir garde un mauvais souvenir de ses déprimes. S’il refuse, c’est pour qu’elle ne souffre plus…
Samir regrette d’avoir été aussi dur avec elle. Il connaît sa femme et son extrême sensibilité. S’il refuse de se prêter à de nouveaux tests et traitements, c’est pour qu’elle n’ait pas à en souffrir. Il garde un mauvais souvenir de ces crises de larmes et des périodes où elle déprimait de ne pas avoir d’enfant. Tous les spécialistes affirmaient qu’ils peuvent en avoir mais le résultat au bout de quinze années de traitements est qu’ils n’en ont jamais eu.
Il va dans la chambre. Mouna est assise au pied du lit et pleure à chaudes larmes. La voir pleurer lui fend le cœur. Elle ne peut pas comprendre que tout ce qu’il a fait, c’est pour lui éviter des souffrances. Il s’assoie près d’elle et passe le bras sur ses épaules et la rapproche de lui, pour qu’elle sente qu’elle n’est pas seule. Il n’est pas insensible à son chagrin.
- Pourquoi tu te fais mal ainsi ?
- C’est toi, dit-elle. Une clinique a été ouverte. Ils ne font que des miracles et toi tu refuses de m’écouter. Pourquoi on n’essayerait pas une dernière fois ?
- Et si cela ne marcherait pas ?
- Tant pis !
- Tu vas encore déprimer et pleurer des mois entiers, la prévient-il. Le problème, c’est que je n’arrive pas à te consoler après.
- Cette fois, tu n’auras pas à me consoler, dit Mouna en essuyant ses larmes. Si cela réussit, je serais la plus heureuse des femmes, mais si c’est le contraire, je te jure de…
- Inutile de jurer, je te connais. Mais si cela peut ramener ton sourire, je veux bien essayer.
La réaction de Mouna est immédiate. Elle saute de joie et le remercie. Au fond d’elle même, elle savait qu’il allait se plier à sa volonté. Il ne pouvait pas résister à ses larmes. Elle sait combien il l’aime.
- Il faudra qu’on prenne rendez-vous, poursuit Samir.
- C’est déjà fait, répond Mouna en riant. Dans trois semaines.
- La clinique est à Alger ?
- Non, à l’est du pays, répond-elle. Il faudra que tu prennes trois ou quatre jours. On pourra même visiter la ville, faire des photos. Ce sera aussi l’occasion pour toi pour te reposer.
- Tu parles de repos. Et si on dînait maintenant ?
- Pourquoi pas ?
Mais avant d’aller servir, elle appelle sa mère pour lui apprendre la nouvelle.
- Il est d’accord pour qu’on s’y rende, lui annonce-t-elle. Ce sera notre dernière tentative.
- Avec l’aide de Dieu, tout se passera bien et tu deviendras maman incha Allah, la rassure hadja Nouara. J’ai hâte de voir ce jour arriver. Tout comme Mouna.
après avoir raccroché, elle retourne auprès de son mari. Elle sourit. L’espoir de nouveau lui donne la force de croire que c’est encore possible. Chaque jour qui la rapproche du rendez-vous se termine sur un cri de joie.
Pour cette sortie, elle achète un tailleur et de nouvelles chaussures. Samir est heureux de la voir s’occuper. Ainsi, elle n’a pas le temps de penser. elle rendait visite à ses parents un jour sur deux. Ces derniers lui donnent leur bénédiction à chaque fois.
Samir n’a pas mis au courant ses parents. Il attend que ce soit Mouna qui le fasse. Mais elle ne parle jamais d’eux. Elle ne leur a jamais pardonné de lui avoir suggéré de se remarier. Il aurait pu les écouter mais, heureusement, il aime Mouna. Il attend en retour de son amour qu’elle tourne la page et les appelle. Eux aussi doivent espérer au fond d’eux. Leur bénédiction sera toujours nécessaire pour réaliser ce rêve.
(À suivre)
A. K.
12 octobre 2010
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