Edition du Mercredi 12 Octobre 2005
RÉSUMÉ : Suivant le conseil de sa mère, Mouna appelle la clinique. La standardiste lui donne un rendez, dans trois semaines. Mouna a beau avoir des doutes, l’assurance de sa mère, lui redonne espoir. Elle craint toutefois la réaction de son mari…
Hadja Nouara n’a pas tardé. Après avoir déjeuné avec sa fille, elle a pris un taxi pour rentrer à Kouba. Elle l’invite à passer avec son mari, pour dîner un de ces soirs où il rentrerait tôt. Mouna lui a promis de venir. Quand elle se retrouve seule, elle se met à fouiller dans les tiroirs de sa garde robe afin de réunir tous les papiers médicaux, concernant les traitements pris et les examens effectués les années passées. Elle met tout ce qu’elle trouve, dans une grande enveloppe. Comme à chaque fois qu’elle est pensive, elle prend du fil et un crochet. Elle commence un napperon qu’elle ne finira jamais.
La journée lui paraît bien longue. Comme les fois où après avoir fait un examen, elle attend les résultats avec impatience et inquiétude. Aujourd’hui, elle attend que son mari rentre. Elle sait qu’il sera retenu, pour le dîner. Même si elle en a été tentée plusieurs fois, elle ne l’appelle pas. Elle sait combien il a horreur d’être dérangé quand il est retenu plus tard que d’habitude.
Mouna s’ennuie. Elle abandonne le crochet et décide de cuisiner. Elle allume la télévision et suit un feuilleton algérien tout en préparant le dîner auquel elle ne goûtera pas. Elle saute de joie en entendant la clef tourner dans la porte d’entrée. Samir est rentré. Il n’est que dix-neuf heures trente.
Elle court à lui.
- Bonsoir chéri. Comment as-tu fait pour quitter plus tôt ?
- Il y a eu un imprévu. Alors on a reporté la réunion à demain matin, lui dit-il en enlevant sa veste. J’étais heureux de pouvoir rentrer auprès de toi. Je savais que tu n’étais pas bien.
- Tu me connais, parfois je suis traversée de sombres pensées et de regrets. Mais après, je vais bien, le rassure-t-elle. Tu n’aurais pas dû t’inquiéter.
- Je ne pouvais pas m’en empêcher. Mais quand tu deviens triste, il y a toujours une raison. C’était quoi aujourd’hui ?
- La voisine. Elle a été méchante. Mais changeons de sujet, lui dit-elle. Tu voudrais boire quelque chose ?
- Non.
- Le dîner sera bientôt prêt. Est-ce que tu as faim ?
- Non, répond Samir. Je vais prendre une douche. Est-ce qu’il y a de l’eau chaude ?
- Le ballon électrique est resté branché.
Mouna retourne à la cuisine. Samir est allé à leur chambre, prendre ses affaires de bain et il tombe sur la grosse enveloppe. Il jette un coup d’œil, à son contenu. Il ne comprend pas pourquoi elle les a réunis. Il remet à plus tard son envie de se doucher et l’enveloppe en main, il va à la cuisine. Mouna est en train de préparer la table. Quand elle le voit avec l’enveloppe, elle regrette de ne pas l’avoir rangé. Elle aurait voulu aborder le sujet plus tard, après qu’il se soit reposé. Il n’est pas prêt à entendre quoi que ce soit. Après une journée au bureau, il lui faut un temps pour s’en remettre.
- C’est quoi ça ? Qu’est-ce qui t’a encore traversé l’esprit ?
- J’ai eu l’adresse d’une nouvelle clinique et il paraît qu’ils font des miracles, lui dit elle. La fille d’une vieille amie de maman a attendu plus de vingt ans avant d’avoir un bébé. Elle a été soignée chez eux.
- C’est juste un hasard. Personne ne peut faire de miracle, s’écrie Samir. A part le bon Dieu.
- C’est vrai. Ce doit être lui qui doit avoir mis sa maman, sur le chemin de la mienne, répond-elle. On perd quoi à essayer ?
- Je ne veux plus être déçu et t’entendre pleurer, crie Samir. Quand t’y feras-tu ? On ne peut pas en avoir. Il faut te le mettre une bonne fois pour toutes car je n’en peux plus ! .
Mouna quitte la cuisine et va s’enfermer dans la chambre. Elle pleure, ne supportant pas qu’il puisse lui refuser d’essayer. Puisqu’ils peuvent encore espérer.
(A suivre)
12 octobre 2010
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