Edition du Dimanche 09 Octobre 2005
RÉSUMÉ : En rentrant chez elle, elle tombe sur sa voisine, mère de dix enfants. Celle-ci lui rappelle qu’elle a tout sauf l’essentiel. Mouna est soulagée de l’avoir à leur étage. Aussitôt sa porte refermée, elle éclate en sanglots.
Mouna sait qu’elle peut toujours espérer tomber enceinte. Elle n’a que 38 ans et il lui reste peu de temps avant la ménopause. Elle voudrait de tout son cœur un bébé qui comblerait le vide de sa vie. Son mari Samir a beau l’aimer et n’avoir pour unique but dans la vie que de la rendre heureuse, elle n’attend rien d’autre que cet enfant. Il changerait sa vie et même la face du monde. Plus rien ne sera comme avant. Mouna en a conscience. Elle donnerait ce qu’elle a de plus précieux pour que son foyer soit égayé par les cris d’un bébé. Elle le veillerait chaque nuit, serait comme une ombre devant lui ou derrière lui. Elle prendra soin de lui plus que de sa propre personne. Elle ferait de sa vie une belle histoire à raconter. Elle verrait à travers ses yeux. Et toujours dans les siens, elle pourrait y voir tout l’amour qu’il lui porte. Ce sera sa récompense.
Quand il fera ses premiers pas, elle sera là pour l’accueillir dans ses bras. Elle ne le laissera jamais tomber. Elle en prendra soin comme de la prunelle de ses yeux.
- Si seulement…
Elle est si pensive et perdue dans son rêve qu’elle n’entend pas son portable sonner. Ce n’est qu’à la cinquième sonnerie qu’elle réalise. Elle se presse de répondre. C’est son mari. Elle est bien heureuse de l’entendre.
- Oui chéri…
Samir est inquiet. Elle le devine à sa voix.
- Mais où étais-tu ? Pourquoi ne répondais-tu pas ? C’est la troisième fois que j’appelle…
- Je… je… enfin, j’étais dans la salle-de-bains, répond-elle.
- Mais tu aurais pu répondre, lui reproche-t-il. Tu es seule…
- C’est le problème, murmure-t-elle, croyant qu’il ne l’entendrait pas.
- Ne me dis pas que tu penses encore aux enfants, soupire-t-il. Tu sais que ce n’est pas de notre faute…
- C’est la raison qui me laisse encore espérer…
- J’appelais pour savoir ce que le médecin t’a dit, dit-il, tenant à changer de sujet. J’espère que tu n’as rien.
- Un peu de cholestérol. Il m’a recommandé un régime, lui apprend-elle.
- Tant que ce n’est que ça, c’est supportable, remarque-t-il, avant de lui apprendre qu’il ne pourra pas rentrer tôt. On a beaucoup de travail aujourd’hui.
- Mais tu seras là pour le dîner ? l’interroge-t-elle.
- J’ignore vers quelle heure je pourrais me libérer, ne m’attends pas pour dîner. Si tu veux aller voir tes parents et passer le reste de la journée avec eux, je viendrais te chercher après, propose-t-il.
- Non, j’ai des choses à faire, dit-elle. Ne t’en fais pas, je vais bien, je n’ai pas besoin de compagnie.
En fait, elle éprouve le besoin d’être seule. Elle ne veut voir ni sa famille ni ses amis. Elle voudrait penser à tout, à rien…
Elle voudrait que sa vie change, qu’elle n’ait plus à attendre son mari. Elle ne veut plus remplir sa vie de tous les jours, pour qu’elle ne s’ennuie plus. Elle ne veut plus de ce vide dans sa vie.
- Mais avec quoi pourrais-je le combler ?se demande-t-elle. Je ne supporterais pas de retourner enseigner au primaire. Qu’est-ce que je pourrais faire ?
Ses yeux tombent sur le journal acheté le matin pour son mari. Elle l’ouvre au hasard et tombe sur la page des offres d’emploi. Elle ne peut s’empêcher de lire les annonces. L’une lui semble intéressante. Elle sourit en imaginant la réaction de son mari si elle réussissait à décrocher cet emploi.
(A suivre)
A. K.
12 octobre 2010
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