Edition du Jeudi 06 Octobre 2005
Mouna cherche dans son sac à main quelques pièces de monnaie mais elle n’en trouve aucune. Elle a un sourire désolé en regardant la mendiante assise sur les marches de l’entrée du jardin public.
- Une autre fois, se dit-elle.
Elle dépasse la mendiante avec un sentiment d’insatisfaction. Elle voulait tant lui donner quelques pièces et regrette de ne pas pouvoir le faire. Elle a un billet de 1 000 DA.
À la vue d’un bureau de tabac de l’autre côté de la rue lui vient l’idée d’acheter un journal pour avoir de la monnaie. Elle traverse la rue et entre dans le bureau de tabac. Elle choisit le quotidien préféré de son mari et sourit en voyant la mine contrariée du buraliste.
- Vous n’avez pas de pièces ?
- Hélas non. Moi aussi j’ai besoin de monnaies.
Il lui rend sa monnaie et Mouna le remercie. Elle range le journal dans son sac à main et sans perdre une seule seconde, elle retourne auprès de la mendiante. Celle-i la remercie et adresse des prières au bon Dieu pour qu’il la protège.
Mouna reprend son chemin avec la conscience tranquille, heureuse d’avoir fait une bonne action. Elle se presse. Elle a rendez-vous chez son médecin. L’infirmière l’a appelée la veille pour lui demander de passer. Sachant que la salle d’attente est toujours pleine, elle ne veut surtout pas arriver en retard.
Le cabinet se situe au centre-ville d’Alger et quand elle y parvient, elle constate sans joie qu’il y a déjà plein de malades.
L’infirmière l’a fait introduire dans le cabinet auprès du médecin. Dr A. Y. est son médecin traitant et Mouna souffre depuis quelques semaines de douleurs au ventre. Il lui a prescrit un calmant en attendant les résultats de son bilan sanguin et lui a demandé d’effectuer une radioscopie. Elle a apporté le compte rendu du radiologue. Elle n’a rien et aucune anomalie n’a été signalée.
- Me voilà docteur. Qu’y a-t-il de si urgent ?
- Le bilan sanguin a révélé que votre taux de cholestérol est élevé, lui dit-il. On doit prendre les choses en mains dès maintenant.
- Un moment, j’ai cru que c’est encore plus grave, que vous alliez me parler de cancer, soupire-t-elle. Dieu merci, ce n’est que du cholestérol.
- Vous devez suivre un régime dorénavant.
Il lui explique ce qu’elle ne devra pas manger pendant quelques temps.
- Dans un mois, on fera un nouveau test et on pourra savoir s’il y a eu une baisse du cholestérol ou pas.
- Ma vie ne va pas en être bouleversée, docteur ?
- Non, si vous vous en tenez au régime et à mes recommandations, la rassure-t-il, vous vivrez longtemps. Votre vie ne peut pas être bouleversée pour autant.
Mouna le remercie. Elle prend note des recommandations du médecin qui lui donne rendez-vous dans un mois. Constatant qu’elle a perdu son sourire, il ne peut s’empêcher de lui dire alors qu’il la raccompagnait à la porte :
- Vous savez, il y a pire. Croyez-moi, vous avez de la chance, vous n’avez rien de grave.
Mouna veut bien le croire. Elle quitte le cabinet et une fois dehors, elle se demande que faire. Elle n’a pas envie de rentrer et même si elle a un bon moral, elle ressent le besoin de parler à quelqu’un. Elle pense à aller voir sa mère mais elle se rappelle que celle-ci doit se rendre au bain maure. L’unique personne en dehors sa mère qu’elle peut déranger est Samir, son mari. Il travaille au ministère de l’habitat et comme ce n’est pas très loin, elle décide de s’y rendre. Le badge de visiteur accroché à son sac, elle monte dans son bureau. Ce n’est pas la première fois qu’elle lui rend visite et elle est surprise de trouver la porte fermée. Elle est bien déçue de ne pas le trouver…
(À suivre)
A. K.
12 octobre 2010
1.Extraits